A Quiet Place: Part II
Après les événements mortels survenus dans sa maison, la famille Abbot doit faire face au danger du monde extérieur. Pour survivre, ils doivent se battre en silence. Forcés à s’aventurer en terrain inconnu, ils réalisent que les créatures qui attaquent au moindre son ne sont pas la seule menace qui se dresse sur leur chemin.
En préambule
Voilà bien un texte qu’on pensait
ne jamais publier. Rédigée il y a plus d’un an, au sortir de la vision presse,
en mars 2020, cette critique est restée en hibernation pendant quinze mois sans
qu’on ait changé une virgule. En cause, un certain Coco qui a décimé une partie
de la planète. Comme une mauvaise blague qui répond à ce récit dans lequel la
population mondiale a quasiment été exterminée par des créatures
extraterrestres. De vous à nous, on n’en garde pas un souvenir impérissable. Du
coup, on a été quelque peu surpris par notre article qui nous a donné envie de
nous replonger dans ce qui est avant tout un pur produit hollywoodien
calibré pour remplir les salles obscures. Un blockbuster qui devrait ravir tous
les mangeurs de pop-corn en mal de sensations fortes. Bref, faites-vous plaisir.
Bonne lecture !
Part II
Le compte est bon ! Faites le
calcul : 336 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à
17 millions. Bingo ! « A Quiet Place » a pris d’assaut le box-office
international. Comme ça. Sans ménagement. A la hussarde ! Le tiroir-caisse a
sonné pour la Paramount qui s’en frotte encore les mains. Après un tel carton,
l’auteur-réalisateur John Krasinski était obligé de retourner aux manettes,
nonobstant ses réticences. C’était ça ou le studio hollywoodien refilait la
poule aux œufs d’or à un autre cinéaste. Pas le temps de tergiverser, voilà
notre éternel Jim Halpert de la version américaine de la série « The Office »
se retrousser les manches en solo pour rédiger un nouveau scénario aussi tendu
que l’original.
Time is money
Pas le temps car la major
souhaite naturellement surfer sur la renommée de ce survival. Marketing oblige.
Mais aussi réembaucher les deux jeunes pousses – et mauvaises herbes – de
comédiens (l’actrice sourde Millicent Simmonds et Noah Jupe) qui n’en finissent
plus de grandir. Or, l’histoire de ce « Part II » se déroule quelques secondes
après la fin du premier opus. Suite aux événements tragiques survenus dans sa
maison, la famille Abbot doit faire face au danger du monde extérieur. Pour
survivre, elle doit se battre en silence. Forcée à s’aventurer en terrain
inconnu, celle-ci réalise que les créatures extra-terrestres qui attaquent au
moindre son ne sont pas la seule menace qui se dresse sur leur chemin.
A bout de souffle
Si l’effet de surprise ne joue
plus en sa faveur, cette suite repose malgré tout sur de bonnes idées
esthétiques et narratives. Krasinski s’offre une mise en scène plus complexe
avec des plans nettement plus longs que dans l’original. Ceci permet
d’engendrer un suspense tenace qui ne quitte jamais le tout-regardant. Un
spectateur qui en arrive à perdre son souffle, de même que les protagonistes
sont amenés à chronométrer le taux d’oxygène d’une cale hermétique qui les protège
des assauts monstrueux. Ainsi, le réalisateur nous montre que le danger est
partout. Récit ramassé, réalisation précise, travail sur le son prodigieux, ce
dernier reprend tous les ingrédients de sa recette magique. Et la sauce
épouvante reprend !
Le silence est d’or
La maîtrise est derechef
impressionnante. On reste coi devant l’écran, intrigué par la progression
narrative, attentif aux moindres sons, bruissements, susurrements, chuchotis.
Car ces monstres aveugles à l’ouïe surdéveloppée s’avèrent redoutables. Avec un
suspense rondement mené, Krasinski ne ménage pas ses efforts pour vous faire
sursauter dans votre fauteuil et vous procurer un sentiment de peur panique. A
ce titre, le prologue qui répond à la question « comment tout ça a commencé
pour la famille Abbot ? » se montre intense. Avec une série de plan-séquences
chorégraphiés avec brio et qui laissent muet d’admiration, l’Américain fait
montre d’un indéniable talent pour l’art de la mise en scène.
More is… more !
Moins radical dans son approche expérimentale,
laissant de côté l’épure stylistique qui faisait tout le sel du premier opus,
ce deuxième volet y va avec de gros sabots: monstration peu subtile des aliens,
courses-poursuites déjà-vu, ficelles scénaristiques trop apparentes. Cette
suite ne renie pas son ADN de série b, certes plus ingénieuse que la production
hollywoodienne lambda, mais ne parvient pas à proposer une touche singulière
dans le genre comme a pu le faire l’original, assumant donc pleinement son
statut de sequel destiné à contenter les fans de la première heure. Autrement
dit, plus de plus, abandonnant par-là le principe du less is more: plus long,
plus d’action, plus de jump scares… Plus !
Part III
Flippant, captivant, mais aussi
émouvant, « A Quiet Place: Part II » joue habilement avec nos nerfs de
spectateurs captifs et les met à rude épreuve. S’il n’est pas exempt de tout
défaut, il soigne suffisamment son atmosphère glauque et poissarde pour
maintenir l’intérêt. Avec une tension qui atteint parfois des degrés
paroxysmiques et un rythme qui ne s’essouffle jamais, ce thriller
fantastico-horrifique futé s’offre aux spectateurs comme une véritable
expérience sensorielle angoissante. Un exercice de style efficace à défaut
d’être original, comme en témoigne son récit rédigé tel un épisode
intermédiaire d’une série télévisée. Impersonnel, en somme. Du coup, on attend
patiemment le « Part III ».
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
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