Star Wars: The Rise of Skywalker
La conclusion de la saga Skywalker. De nouvelles légendes vont naître dans cette bataille épique pour la liberté.
Du
9 avec du vieux
Quand il n’y en a plus,
il y en a encore. Depuis 2015, le cinéphile s’est tapé pas moins de cinq films
sur la mythologie Star Wars avec les fameux « Episodes » du vaisseau
amiral ainsi que les spin-off estampillés
« A Star Wars Story ». Sans compter les séries qui vont
débarquer ces prochains mois sur la plateforme de contenu Disney + comme The
Mandalorian. Une fiction par année donc, avec dans l’ordre des sorties :
The Force Awakens, Rogue One, The Last Jedi, Solo et celui qui nous intéresse
aujourd’hui, The Rise of Skywalker, le fameux épisode 9 censé clôturer pas
moins de trois trilogies. Exit Colin Trevorrow, viré en cours d’écriture et
parti mettre en scène le troisième Jurassic Word, c’est ce bon vieux J.J.
Abrams qui est rappelé à la rescousse par la patronne de LucasFilm, Kathleen
Kennedy, pour conclure cette saga intersidérale. Un choix diplomatiquement judicieux
quand on sait que l’épisode 7, déjà mis en boîte par le créateur de Lost, avait
été plutôt bien accueilli par le public et la critique. C’est qu’il fallait
rassurer une palanquée d’aficionados, fâchés envers l’auteur-réalisateur Rian
Johnson (le récent Knives Out) et son épisode 8 injustement décrié. Alors,
verdict ?
A
bride abattue
Ecrivons-le tout de go,
ce nouveau chapitre réussit dans son ambition d’être un divertissement
populaire total. Il coche consciencieusement chaque case de son cahier des
charges. Pas un ingrédient ne manque à l’appel de cette recette élaborée à la
cause de son public. Le métrage file à bride abattue en enchaînant les
rebondissements et autres retournements de situation, les scènes d’actions et
instants d’émotion, les environnements exotiques et décors extraordinaires, les
droïdes, créatures et autres monstres issus de l’incroyable bestiaire
intergalactique etc. Et tout cela servi avec un torrent d’effets numériques
globalement bien torchés et une partition musicale toujours aussi aventureuse
dirigée par la baguette du maestro John Williams. Les codes de ce space opera
dantesque sont respectés et les moteurs à propulsion de ce blockbuster maous
costaud tournent à plein régime. Donc, rassurez-vous, tout est mis en œuvre
pour que vous ne vous ennuyiez pas. D’ailleurs, les producteurs ont mis le « paquet »
(entendez le « budget » : plus de 200 millions de dollars au
moins) pour satisfaire votre appétit de spectacle, de grand huit, d’épopée
spatiale bigger than life… Bref, de
cinéma.
Mi-figue,
mi-raisin
Annoncé comme cela, on
pourrait facilement croire que tout fonctionne à merveille à l’écran et que ce
dernier volet clôture magistralement plusieurs décennies de guerres des
étoiles. Et pourtant, il faut reconnaître qu’on est sorti de la projection avec
une mine quelque peu déconfite, pas entièrement convaincu par cette proposition
en demi-teinte. Car ce nouvel épisode met en exergue les deux soucis majeurs de
cette troisième trilogie : l’absence de singularité artistique et le cruel
manque de cohérence entre les différents métrages. Certains choix narratifs
provoqueront l’ire des fans hardcore tandis que d’autres idées relèvent de la
facilité scénaristique. Par ailleurs, la franchise peine toujours autant à se
renouveler. Il apparaît très clairement qu’il y a un méchant déficit de
créativité dans ce projet lancé par Mickey. Cela émis, nous n’attendions plus
rien de ce côté-là. Avec un « faiseur » comme J.J. Abrams derrière la
caméra, lequel excelle pour pasticher ses modèles (les maîtres Steven Spielberg
et George Lucas) mais peine à se trouver une signature propre, on a vite
enterré tout espoir d’originalité.
Que
reste-t-il de nos amours ?
Que reste-t-il au
final ? Cette nouvelle trilogie donne l’effet d’un coup d’épée dans l’eau.
Enormément d’espoir était placé dans ces trois films et, finalement, ceux-ci ne
s’avèrent pas à la hauteur des attentes. A force de regarder dans le
rétroviseur, à force de miser sur le fan service, à force de vouloir à tout
prix entremêler tous les personnages, à force de s’auto-référencer, les scénaristes
et producteurs derrière ce projet made in
Disney ont fini par démontrer qu’ils étaient incapables de prendre des risques,
de s’émanciper du matériau original, d’aller au-delà du cadre de référence
installé jadis par George Lucas. Il était donc temps que cette licence
cinématographique se termine. Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, cette dernière
trilogie aura tout de même été plaisante à suivre. Du fun par-ci, de l’épique
par-là, quelques moments d’émotion, de légères touches d’humour, de l’évasion
et, surtout, du rêve ! Du cinéma, en somme.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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