Death Wish


Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal… Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci.






I. Un justicier dans la ville

Attention, petit plaisir coupable en approche. Après ses gros délires gores parfois insoutenables (on pense à Hostel ou encore The Green Inferno) et avant de livrer son premier film pour enfants (!) avec « The House with a Clock in Its Walls », Eli Roth s’offre un casting de « gueules » qui fleure bon les nineties pour mettre en scène une nouvelle interprétation de « Death Wish », mieux connu chez nous sous le titre « Un justicier dans la ville ». Une distribution qu’on valide directement. Voyez plutôt : le flegmatique Bruce Willis pour remplacer Charles Bronson, Vincent « Engagé Baleine » D’Onofrio, Elisabeth Shue (Leaving Las Vegas, Hollow Man) et l’éternel second rôle de série B Dean Norris (le beau-frère flic de Walter White dans Breaking Bad, c’est lui). On dit oui !

II. Vigilante

Genre né dans les seventies avec les films phares « Death Wish » et « Dirty Harry », le « vigilante movie » est passé de mode dans les prospères années nonante avant de réaliser un come-back inattendu à l’aube du troisième millénaire, marquée par les crises successives (financières, socio-économiques, diplomatiques). Le metteur en scène s’imprègne de cet héritage et prend soin de respecter les codes inhérents à ces films de seconde zone où l’on revisite allègrement le sens de la justice et de la morale : l’ambiance du polar comme toile de fond, un antihéros lambda de la société civile qui se révèle comme un redresseur de torts, l’environnement urbain et ses quartiers interlopes, la vengeance chevillée au corps comme but ultime, mise en lumière de problèmes sociétaux comme la criminalité, la drogue ou la pauvreté, l’inertie des autorités publiques sans oublier une certaine dose de violence graphique soi-disant cathartique.

III. Démons intérieurs

Mieux qu’une adaptation plan-plan, le scénario de l’excellent Joe Carnahan (Narc, Smonkin’ Aces, The Grey) dépasse le simple copier-coller pour revisiter le matériau de base et l’actualiser aux réalités de nos sociétés contemporaines : la paranoïa alimentée par des médias anxiogènes, l’utilisation voyeuriste des nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’impéritie des forces de l’ordre à enrayer une criminalité qui explose dans certaines métropoles… Evidemment, tout cela est suggéré et loin d’être approfondi car l’ambition d’un « revenge movie » ne se situe pas là mais plutôt dans sa volonté de susciter l’empathie et de purger les démons intérieurs des spectateurs par l’entremise d’une figure héroïque pertinente et facilement identifiable.

IV. No Mercy !

Le héros en question ? Bruce évidemment, dans toute sa splendeur, avec sa voix posée, son flegme et ses mimiques. On frôle la caricature. Ce dernier joue un chirurgien urgentiste qui a fait de la loi du talion son chemin de croix. Pourquoi ? Quand il ne sauve pas des vies, ce médecin mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme (Elisabeth Shue) est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal. Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, ce dernier se lance dans une chasse à l’homme sans merci. Œil pour œil, dent pour dent ! Comme pour toute œuvre culturelle, il faut prendre ce film avec une certaine distanciation tout en ayant un regard critique sur ce qu’il souhaite faire naître comme émotion chez le spectateur. Or, vu le niveau d’instruction d’une certaine couche de la population, ce métrage n’est peut-être pas à mettre devant toutes les pupilles, pour quiconque le prendrait au premier degré. On pense notamment aux fous de la gâchette de la NRA. En cela, « Death Wish » est potentiellement dangereux.

V. Cinéma Bis

Mais une fois admis que cette production fonctionne pour ce qu’elle est, soit un pur  produit échappé du cinéma Bis, cela marche plutôt bien. Une série b sans grande ambition qui assure le boulot en toute efficacité : une intrigue somme toute basique mais accrocheuse se déroulant sans accrocs, des acteurs qui font le job et une mise en scène à l’avenant. Un film d’exploitation sans grande valeur artistique mais qui assume totalement son ambition de divertissement populaire déviant.

Note : **
Critique : Professeur Grant


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