Kingsman: The Golden Circle
★★
KINGSMAN,
l’élite du renseignement britannique en costume trois pièces, fait face
à une menace sans précédent. Alors qu’une bombe s’abat et détruit leur
quartier général, les agents font la découverte d’une puissante
organisation alliée nommée Statesman, fondée il y a bien longtemps aux
Etats-Unis.
Face
à cet ultime danger, les deux services d’élite n’auront d’autre choix
que de réunir leurs forces pour sauver le monde des griffes d’un
impitoyable ennemi, qui ne reculera devant rien dans sa quête
destructrice.
Il y a moins de trois
ans, une petite bombe pop sortait sans crier gare dans les salles obscures du
monde entier. Personne ne l’avait vue venir. Avec « Kingsman : The
Secret Service », le film d’espionnage détenait enfin son pastiche de
référence. Aujourd’hui, la suite tant attendue, intitulée « The Golden
Circle », débarque sur grand écran. Ne tergiversons pas, ceux qui ont
adoré le premier volet vont être (très) désappointés tandis que ceux qui l’ont abhorré
trouveront d’autres raisons d’exécrer encore davantage ce deuxième épisode.
Mais qu’est-ce qui s’est
passé dans la caboche de Matthew Vaughn ? Comment a-t-il pu se fourvoyer à
ce point-là, lui qui avait si brillamment mis en scène des productions telles
que « Layer Cake », « Kick-Ass » ou « X-Men :
First Class » ? Intercesseurs du premier opus, nous espérions secrètement
une nouvelle aventure aussi barrée et efficace dans le divertissement
décomplexé que l’original. Nenni ! On se retrouve finalement avec un blockbuster
bas de gamme qui se vautre dans le ridicule avec une aisance qui frôle
l’incompétence.
Le nœud du problème,
c’est que pour ce sequel, le
réalisateur et sa coscénariste Jane Goldman ne se sont imposés aucune limite,
aucune retenue. Sans frein durant le processus de fabrication, de l’écriture à
la post-production en passant par la phase de tournage, tout et surtout
n’importe quoi se retrouvent logiquement à l’écran. Effets gratuits à gogo,
mauvais goûts ad libitum mais aussi une incommensurable pauvreté scénaristique
que l’Anglais tente bon gré mal gré de cacher par de l’esbroufe malvenue. Le
storytelling est à ce titre calamiteux.
Non contents d’enchaîner
les incohérences et autres invraisemblances, les auteurs accumulent en outre
les fausses bonnes idées (le mixer-cannibale, les chiens-robots…), lesquelles
auraient pu fonctionner dans une bande dessinée, mais ne marchent pas du tout à
l’écran. Là où le premier opus se voulait fun, le deuxième se montre tout
simplement grotesque et répétitif. Risible comme toutes les scènes où apparaît
Sir Elton John. Mais qu’est-ce qu’il lui a pris de signer pour ça ? Il
n’est malheureusement pas le seul à cabotiner dans cette quasi-daube.
Julianne Moore, en roue
libre, peine à convaincre en figure du mal et même Colin Firth semble avoir
rempilé pour faire plaisir au réalisateur. Un retour capillotracté totalement dispensable.
Seul le Chilien Pedro Pascal (Peña dans la série Narcos) tire son épingle du
jeu. Le reste du casting, dans lequel on retrouve Channing Tatum, Halle Berry
ou encore Jeff Bridges, ne justifie sa présence que pour consolider les bases
d’un probable troisième épisode. Il ne sert à rien de vous raconter l’intrigue,
elle n’a aucun intérêt.
D’ailleurs, le ressort
narratif reste le même: sauver le monde face à un super-vilain, ici une baronne
de la drogue. En substance, c’est le numéro un… exposant dix ! Plus
d’action, plus d’humour, plus d’effets spéciaux, plus de rebondissements…
quoique…, plus long surtout, plus WTF aussi, bref, toujours plus. Comme si une
suite devait toujours faire plus et ne jamais faire autrement. Du reste,
sauvons les séquences de bastonnade ; Vaughn sait y faire et n’hésite pas
à déployer tout son talent pour parvenir à ses fins, jusqu’à redéfinir la
grammaire cinématographique.
Mais les scènes d’action
seules ne suffisent pas à occulter le reste. La déconvenue est proportionnelle
aux moyens déployés pour faire de « The Golden Circle » une
superproduction façon superlatif. En délocalisant les Kingsmen chez les
Statesmen, les pendants américains des espions britanniques, Matthew Vaughn
s’est conformé aux exigences hollywoodiennes en dénaturant complètement la
recette miracle du premier film. Oubliez le cachet, le charme et la fantaisie, l’enchantement
n’y est plus.
Professeur Grant
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