Black
Mavela, 15 ans, est une Black Bronx. Elle tombe éperdument amoureuse du très charismatique Marwan, membre de la bande rivale, les 1080. Les deux jeunes gens sont brutalement contraints de choisir entre la loyauté à leur gang et l'amour qu’ils ont l’un pour l’autre. Choix impossible ?
Trop longtemps délaissée par le septième art, à tort tant son capital cinégénique est indiscutable, Bruxelles devient enfin le théâtre de récits en tous genres. Depuis ces cinq dernières années, les productions se suivent mais ne se ressemblent pas. Après la pantalonnade «Les Barons», la romcom flamande «Plan Bart», le polar «Waste Land», le drame «Tous les chats sont gris» et le délire poético-burlesque «Le Tout Nouveau Testament», place au thriller noir avec «Black».
Tout auréolé de leur triomphe lors du récent Festival International du Film de Toronto (TIFF), le tandem Adil El Arbi et Bilall Fallah est de retour en Belgique pour présenter leur nouveau long métrage, soit un «Roméo & Juliette», ou plutôt un «Marwan & Mavela», dans la sphère inquiétante des bandes urbaines de la capitale. Enrichie d’une première expérience remarquée avec «Image», la paire bruxelloise est particulièrement fière de son bien nommé «Black».
Black, comme le livre de Dirk Bracke, auquel l’œuvre renvoie directement. Black, comme cette fiction, sombre de par son sujet: la guerre des clans de gangsters dans nos quartiers. Black, finalement, comme les Black Bronx, une bande urbaine sans foi ni loi qui zone dans la capitale.
En deux mots, l’histoire tourne autour de Mavela, quinze ans, une «Black Bronx». Cette jeune Bruxelloise tombe éperdument amoureuse du très charismatique Marwan, un galopin membre de la bande rivale, les «1080». Les deux jouvenceaux sont brutalement contraints de choisir entre la loyauté à leur faction et l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre.
Sur fond de guerre des bandes urbaines tournée dans les quartiers interlopes de Bruxelles, la paire de cinéastes nous plonge en plein cœur d’une love story impossible façon «Roméo & Juliette». Si le scénario, quelque peu attendu, aligne les clichés avec une facilité confondante, le tandem fait montre d’une redoutable efficacité lorsqu’il s’agit de mettre en scène leur histoire, certes téléphonée, mais non moins captivante.
Écrivons-le sans ambages, leur réalisation nerveuse, percutante et pleine de sève s’affiche comme un véritable travail d’orfèvre notamment sur le plan de la photographie. Le duo habille Bruxelles avec un talent de chevronné. Qu’on se le dise, on a rarement vu la capitale de l’Europe aussi joliment shootée.
Le récit est, en outre, sublimé par la présence de deux acteurs amateurs trouvés lors de castings réalisés dans des écoles bruxelloises. A l’orée d’une carrière qu’on leur souhaite florissante, Martha Canga Antonio et Aboubakr Bensaïhi font preuve d’un certain bagou, nécessaire pour percer dans le septième art. Tous deux captent d’emblée le regard de la caméra avec un charisme évident.
Si on regrette une certaine complaisance dans la violence (une scène de viol collectif insoutenable aurait mérité d’être davantage suggérée), «Black» n’en reste pas moins un film sans concessions, certes un chouïa écrasé par ses références cinématographiques, mais plein de vitalité. Pour une deuxième œuvre, c’est déjà pas mal!
Note: ★★
Critique: Professeur Grant
A noter: Suite à son triomphe au TIFF où «Black» est reparti avec le prix «Dropbox Discovery Award» pour sa «vision cinématographique claire et posée avec créativité et audace», le tout-Hollywood fait du charme à notre duo bruxellois. Le tandem est aux anges. De fait... Il y a deux semaines, ils étaient à Los Angeles (NDLR: «les anges» en espagnol). Grâce à leur prix à Toronto, ces derniers ont reçu une ribambelle de propositions. Warner Bros, Jerry Bruckheimer, Universal et tutti quanti. Bon vent!
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