A Most Wanted Man
Les
attentats du 11 septembre 2001 ont profondément marqué la conscience
collective.Tout d’abord,
parce que les Etats-Unis n’avaient jamais été attaqués sur leur territoire.
Ensuite, parce que ce tragique événement marquait le début d’un nouveau genre
de conflit : celui des attentats, des kamikazes et des victimes
innocentes. Pour la première fois, l’ennemi ne constituait pas une armée
clairement identifiable et marchant en rangs serrés. Ici l’action se déroule non pas aux Etats-Unis mais en Europe, dans la ville de
Hambourg. Celle-ci aurait jadis abrité une cellule terroriste à l’origine des
attaques envers le Wolrd Trade Center. Nous
suivons le parcours d’un immigré russo-tchétchène fortement torturé débarquant
au sein d’une communauté musulmane afin de récupérer l’héritage de son père
acquis par le sang. Il n’en faut pas plus pour que les services secrets
allemands et américains agissent de concert. Toute la question du film est de
savoir si cet homme est une victime ou un extrémiste aux intentions
malveillantes ?
Fan inconditionnel de Jason Bourne et de James Bond, passez votre chemin ! Ici, point d’explosions en tout genre, ni de courses poursuites à travers toutes les villes du monde au bras des filles les plus jolies ! Les espions dépeints ici sont quelconques. Ils pourraient être vous ou moi. Ils se tapissent et agissent dans l’ombre, surveillent, manipulent, exercent une pression psychologique certaine. Alors oui, nous avons le sentiment d’évoluer dans un film « réaliste ». Oui, ce film parfaitement maitrisé nous tient en haleine durant un peu plus de deux heures... pour peu que le genre ne vous rebute pas, courez le voir. Explications..
Anton Corbjin
adapte à l’écran un thriller de John le Carré pour un résultat à la fois sobre,
passionnant et intense. Il maitrise son sujet, c’est certain. Le résultat
s’explique à différents niveaux. Tout d’abord, la réalisation est convaincante. Bien que classique de prime abord, celle-ci se montre aussi dynamique dans les
scènes d’action. Le recours aux caméras embarquées et à l’épaule garantissent
cette impression « réelle » de l’ensemble. Ici, pas d’édulcorant,
rien que du brut ! Le spectateur suit le héros de près et s’embarque à ses
côtés dans l’aventure.
Ensuite, nous ne
pouvons taire le casting trois étoiles. L’immense Philip Seymour Hoffman inonde
l’écran de sa présence en jouant l’agent Bachmann débarqué à Hambourg suite à
une affaire qui a mal tourné. On suit donc son personnage impliqué,
parfaitement conscient des réalités du milieu dans lequel il évolue, et
complètement désabusé. Les seconds couteaux répondent à l’appel d’une fort
belle façon avec une équipe allemande talentueuse parmis lesquels : Nina
Hoss (Ours d’argent de la meilleure actrice dans « Yella » ;
Daniel Brühl ( Rush, le Cinquième pouvoir, 2 days In
New York). La suite du casting n’est pas en reste : Willem Dafoe
(impérial), Rachel McAdams, Robin Wright (glaciale, comme à son
habitude) ; excusez du peu ! Mention spéciale pour Grigoriy Dobrygin
dans le rôle de l’immigré Issa Karpov.
Le réalisateur
prend plaisir à tracer les limites floues de son film, et ce, pour notre plus
grand plaisir. Où est la frontière entre le bien et le mal ? Qui sont les
« gentils » ? Les « méchants » le sont-ils vraiment ?
Anton Corbjin nous tient en haleine, brouille les cartes et nous interpelle.
Peut-on tout se permettre au nom d’un idéal de justice ? Ou du moins au
nom d’un idéal que l’on croit juste ? Toutes ces questions renvoient à la
complexité de nos sociétés bien sûr, mais aussi à celle du caractère sombre de l’Homme.
« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres »
affirmait John Stuart Mill. Rien n’est moins sûr.
Note: ★★★★
Critique: Stanley
Critique: Stanley
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