Indiana Jones and the Dial of Destiny
Indiana Jones : l’exhumation
inespérée
Exit le vénéré et vénérable Steven Spielberg parti dérouler le film de sa
vie avec « The Fabelmans », c’est le chevronné James Mangold (Walk
The Line, Ford v Ferrari, Identity) qui s’occupe d’exhumer la licence « Indiana
Jones » pour mieux la conclure, suite au désaveu des fans concernant le
quatrième opus, le mal-aimé et un brin sous-coté « Royaume du crâne de
cristal ». Une franchise qui aurait pu demeurer une trilogie sans que cela
ne gêne personne, soit dit en passant. L’attrait des dollars et l’envie de
donner une seconde chance au personnage d’avoir une porte de sortie digne de ce
nom ont sans doute été les arguments avancés par les producteurs pour expliquer
ce come-back inespéré. Après un prologue réjouissant et plein de panache
à l’époque des nazis, nous retrouvons Papindy (Harrison Ford, 80 ans, comme un
poisson dans l’eau) à l’aube de la retraite, au crépuscule des golden sixties.
Vieillissant et complètement dépassé par le monde qui l’entoure, l’ex-aventurier
et professeur d’archéologie n’est plus que l’ombre de lui-même. Un quotidien
morne qui sera bientôt bousculé par l’arrivée à l’improviste de sa filleule, Helena
Shaw (Phoebe Waller-Bridge, irrésistible), une intrépide arnaqueuse à la
recherche d’un artefact rare : le fameux cadran d’Archimède, une relique
qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. Une visite
surprise qui poussera l’indécrottable Doctor Jones à ressortir son fedora, son
fouet ainsi que son blouson de cuir pour une nouvelle (et dernière ?) aventure
aux quatre coins du globe.
Un chant du cygne mi-chèvre
mi-chou
Pas de baroud d’honneur tant espéré pour le héros de notre enfance. En
ménageant la chèvre et le chou, ce cinquième volet se montre bien trop sage que
pour marquer durablement les mémoires. Beaucoup trop respectueux de la saga et
de ses codes, le cinéaste ne prend aucun risque et ne parvient pas à sortir du
moule nostalgique pour proposer quelque chose de neuf et palpitant. Par
ailleurs, à force de regarder dans le rétroviseur pour contenter les
aficionados de la première heure (les clins d’œil trop appuyés), le réalisateur
oublie de jeter un œil devant lui et, ce faisant, ne parvient pas à éviter
quelques sorties de route. La plus flagrante : le climax foireux. On le
voit très clairement à l’écran, le metteur en scène et les scénaristes, à bout
de souffle, ignoraient totalement comment terminer leur film. Si nous acceptons
volontiers le postulat fantastique amené par le MacGuffin du récit - après
tout, on est bien chez Indy ! -, ce sont surtout les réactions absurdes
des personnages et les incohérences à tire-larigot qui viennent nous extirper
de l’histoire. Et heureusement qu’il y a Phoebe
Waller-Bridge, géniale actrice et auteure de la toute aussi excellente
série « Fleabag » (à découvrir de toute urgence sur la plateforme de
streaming Amazon Prime, si ce n’est déjà fait) pour donner du charme et du peps
à une superproduction qui se traîne, handicapée par un scénario répétitif et mécanique
qui manque de liant et s’essouffle aux deux tiers. Un chant du cygne en
demi-teinte donc, une conclusion mi-figue, mi-raisin, qui divertit, certes,
mais n’en fait pas davantage. Dommage.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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