House of Gucci
No
Rules, Great Scott
Ridley Scott, saison
automnale, épisode deux. Hé oui, encore et toujours ce bon vieux Tonton Ridley
qui n’en finit plus de truster l’espace médiatique avec les vedettes de ses
films. Sir Scott himself pour vous
servir une deuxième ration de cinoche, ça vous tente ? On ne va pas se
mentir, la nouvelle est favorablement accueillie du côté de la planète cinéphile
dont les membres les plus dépendants attendent avec impatience leur perfusion
de pelloche en intraveineuse. Il est fascinant de constater à quel point le temps n’a pas
d’emprise sur lui. Loin de subir le poids des années, l’octogénaire, pied au
plancher, déjoue toutes les règles imposées par Dame Nature, comme s’il s’était
découvert une seconde jeunesse.
Initials
G.G.
On ne va pas s’en
plaindre et le septième art non plus. Et apparemment, ce stakhanoviste ne
semble toujours pas rassasié. A peine a-t-il quitté l’Hexagone médiévale, au
détour d’un « Dernier Duel » concernant une sombre histoire de
justice ordalique, que notre time
traveler préféré s’est rendu fissa dans la Botte voisine, époque fin 80’s -
début 90’s, pour s’endimancher façon Gucci. Sortez vos mocassins à mors et
suivez le guide au sein de la célèbre maison de luxe italienne griffée du
double G !
Des
Getty aux Gucci
Quatre ans après le
remarquable « All The Money in The World », notre hiérarque du panthéon
cinématographique renoue avec le genre de la saga familiale mâtinée de
thriller. Ce dernier s’inspire derechef d’un fait divers sanglant qui a défrayé
la chronique en son temps. Après les Getty, pleins feux donc sur les Gucci. Au
programme, « une histoire sensationnelle
de meurtre, de folie, de glamour et de cupidité », comme le vend le
sous-titre du best-seller paraphé Sara Gay Forden qui a servi de base au scénario. Autrement dit, « Amour, gloire et beauté », mais aussi
passion, jalousie, trahison et vengeance dans un récit passionnant jusqu’au
bout nonobstant la durée-fleuve du métrage (2h38).
Entre
deux chaises
Si la satire est
clairement l’objectif affiché, le film donne l’impression de ne pas savoir sur
quel pied danser. Comme si Ridley Scott, le cul entre deux chaises, n’assumait
pas ses partis pris radicaux. En résulte des incompatibilités en termes de ton,
à l’image de la distribution. Les acteurs, bien que tous au faîte de leur art,
n’accordent pas leurs violons pour jouer une même partition. Les truculents Lady
« Give me an Oscar » Gaga et Al Pacino cabotinent à l’envi dans des
interprétations quasi grand-guignolesques tandis qu’Adam Driver et Jeremy
Irons, tous deux en mode mineur, recherchent davantage la retenue, la sobriété
et le réalisme. Le contraste, beaucoup trop grossier, nuit à la tonalité de
l’ensemble.
Chic
à défaut d’être choc
Par ailleurs, si
certaines scènes ne manquent pas de piquant, on aurait aimé que la farce se
montre plus cinglante, plus critique et pourquoi pas plus « over the top »
à l’instar de la performance non-conventionnelle d’un Jared Leto plus grotesque
et sauvage que jamais. En clair, les scénaristes déroulent efficacement la
chronologie des événements, mais ne parviennent jamais à surprendre le spectateur
et à pimenter les faits qu’ils abordent. Il manque un supplément d’âme, un peu
de relief, du souffle et une singularité que le sujet et les thématiques (le
couple mal assorti, la famille dysfonctionnelle, la richesse pornographique et
la contrefaçon…) pouvaient aisément amener.
De
la belle ouvrage
Il n’en reste pas moins
que le public en aura pour son argent dans ce biopic haut de gamme :
casting vingt-quatre carats, bande-son cinq étoiles, reconstitution tirée au
cordeau, toilettes somptueuses, décors mirifiques… La magnificence du
Britannique est sans égale et le budget se voit à l’écran. La direction
artistique ? D’une flamboyante beauté ! L’élégance de la mise en scène, le
travail du cadre et la composition des plans, le soin apporté aux nombreux
détails (accessoires, costumes, coiffures, maquillage, véhicules…), la superbe
photographie de Dariusz Wolski. Rien n’est laissé au hasard dans cette entreprise
ou l’esthétisme et le paraître sont au centre des attentions. De quoi s’en mettre
plein les mirettes !
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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