Le Prince Oublié
Sofia, 8 ans, vit seule avec son père. Tous les soirs, il lui invente une histoire pour l’endormir. Ses récits extraordinaires prennent vie dans un monde imaginaire où l’héroïne est toujours la princesse Sofia, et son père, le Prince courageux. Mais trois ans plus tard, quand Sofia rentre au collège, elle n’a plus besoin de ces histoires. Désarmé, son père va devoir accepter que sa fille grandisse et s’éloigne de lui. Dans leur Monde imaginaire, le Prince va alors devoir affronter la plus épique de toutes ses aventures pour conserver une place dans l’histoire.
I. Sens
dessus dessous
Une louche de « Inside
Out », une pincée de « Toy Story », une cuillère à soupe de
« Charlie and the Chocolate Factory » et un zeste de « The
Truman Show » et vous obtenez ipso facto la tambouille des plus fadasses étiquetée
« Le Prince Oublié », nouvelle fiction signée Michel Hazanavicius.
Autrement dit, le papa de la version cinématographique d’OSS 117 mange à tous
les râteliers. Sans ménagement ! Sauf que le cinéaste ne possède ni la
recette magique de Pixar, ni la fougue visuelle de Tim Burton et encore moins
le talent de l’illustre Peter Weir. Problème : ses références parsemées çà
et là de manière foutraque s’avèrent tellement appuyées qu’il nous est
impossible de faire abstraction. Même armé des meilleures intentions du monde,
le quinquagénaire ne parvient pas à proposer un geste cinématographique qui
soit formellement neuf et fondamentalement passionnant.
II. Mal
lui en prit !
Avec ce film de commande,
le Français fait sa première incursion dans le conte enfantin. Mal lui en
prit ! Le réalisateur se prend les pieds dans un récit rachitique, niais
et prévisible au possible. Et dire qu’il a refusé de mettre en scène le
troisième OSS à cause de son scénario… Ça promet ! Dans « Le Prince
Oublié », l’histoire n’est autre qu’une resucée de thèmes bateau vus et
revus des millions de fois, que ce soit sur le grand écran ou sur la petite
lucarne. En substance, on suit un père veuf confronté à l’émancipation de sa
fille unique. En passant des primaires au collège, celle-ci s’éloigne et vit sa
vie d’adolescente. Et dans les histoires que le duo se raconte sous la couette,
le « Prince papa » devient un personnage de second plan, oublié, qui
doit laisser sa place au nouveau protagoniste : le « Prince boyfriend ». Et le metteur en scène
de s’amuser dans ces deux mondes, ou quand la réalité répond à la fiction et
vice-versa.
III. Un
prince oublié… oubliable !
Pour incarner la figure
paternelle, la production s’est octroyé les services d’Omar Sy. Si celle-ci
peut compter sur la générosité et la joie communicative du comédien, ce dernier
est malheureusement desservi par des dialogues mièvres d’une platitude
consternante. Idem pour les personnages secondaires. Si l’antagoniste campé par
l’inénarrable François Damiens s’en sort plutôt bien, Bérénice Béjo (épouse du
réal’) en fait des caisses pour exister à l’écran. Et elle n’a rien à se
reprocher tant c’est bien le scénario, rédigé sans une once de subtilité, qui
pose problème. S’il y a bien l’une ou l’autre trouvaille visuelle réjouissante
(le monde imaginaire en studio de cinéma, les publicités des abribus etc.), le
résultat final conduit inévitablement au désappointement. Une vraie déconvenue pour
un métrage qui s’affiche comme le grand divertissement familial de ce début
d’année. Poussif, mou, inégal, ce « Prince Oublié » est bien peu
inspiré.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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