The Aeronauts
Au 19e siècle, une pilote de montgolfière un scientifique s'embarquent dans les airs pour découvrir les secrets du paradis. Alors qu'ils vont plus haut dans l'atmosphère que n'importe quel ballon auparavant et font d'incroyables découvertes, ils en viennent à se battre pour leur survie.
Intro :
bienvenue en Absurdistan
Cinq ans après le triomphe
critique et public du remarquable biopic sur Stephen Hawking « The
Theory of Everything », le tandem so
british Eddie Redmayne/Felicity Jones se reforme à l’écran pour nous conter
l’histoire incroyable derrière le record d’altitude mondial réalisé le 5
septembre 1862 par les aéronautes James Glaisher et Henry Coxwell. En substance,
Eddie endosse le costume de James tandis que le comparse Henry est interprété
par… Felicity (!). Oui, vous lisez bien. Aussi incroyable que cela puisse
paraître, lors du passage de la réalité à la fiction, sous la plume très subtile
du coscénariste et réalisateur Tom Harper (The Woman in Black 2 : Angel of
Death), le pilote est devenu… une femme. On imagine Coxwell se retourner dans
sa tombe.
Féminisation
galopante
Les producteurs ont cru
bon de changer le sexe (et le nom fort heureusement !) du Britannique. Ce
dernier, sacrifié sur l’autel de la féminisation galopante, nouvelle fausse bonne
idée qui sévit actuellement dans le monde du septième art, n’aura pas droit à
la postérité cinématographique, au grand dam de sa famille qui éprouve quelques
difficultés à concevoir une telle ineptie. C’est à la fois insultant pour cet
aventurier des airs mais aussi pour les spectatrices, vues par la production
comme des êtres incapables de s’identifier à des figures masculines. Car c’est
bien l’argument (marketing, s’entend bien) du genre qui est avancé benoîtement
par ce mongol fier de Tom Harper : permettre à la gente féminine de vivre par
procuration les aventures d’Amelia Wren, personnage créé de toutes pièces sur
base de l’ami Coxwell. Seriously ?
Mais, qu’est-ce que le genre vient faire dans cette histoire ? A ce
rythme-là, il nous tarde de découvrir Meryl Streep dans une version féminine
d’Adolf Hitler… Portera-t-elle aussi bien la moustache en brosse à dents que
le Führer ?
Honnêteté
intellectuelle
S’il est vrai que
« The Aeronauts » s’inspire de faits réels, comme le dit la formule
consacrée, il aurait été préférable de fictionnaliser davantage le récit afin
de ne pas entacher l’Histoire de l’aéronautique ni souiller l’héritage laissé
par ses personnalités avant-gardistes. Une question d’honnêteté intellectuelle.
Cependant, ni la véracité ni le scénario, de manière générale, ne sont affichés
au tableau des priorités des producteurs. On aurait tellement aimé en savoir
plus sur les questions méthodiques que pose un tel voyage en montgolfière. Car,
outre le record d’altitude, cette odyssée céleste était surtout censée récolter
des informations atmosphériques précieuses pour faire avancer la météorologie, science
balbutiante et jugée fantaisiste par certains. On regrette d’ailleurs que les
scientifiques, et globalement tous les seconds rôles, soient aussi
grossièrement dépeints. Heureusement, on peut compter sur les chevronnés Felicity
Jones et Eddie Redmayne pour livrer un peu d’authenticité à un film qui en est
dépourvu.
Un
mammouth dans le ciel
Hormis ce point historique
plus que fâcheux, il n’y a pas grand-chose à redire sur cette nouvelle production
d’Amazon Studios, plutôt bien troussée, avouons-le. Les véritables qualités de
ce long-métrage sont à aller chercher du côté de la mise en scène, laquelle
parvient avec maestria à nous refiler le tournis lors de l’ascension du
« Mammouth », nom donné à l’aérostat, et à nous cramponner au siège
lors de ses chutes libres. Au moyen d’une réalisation vertigineuse, Tom Harper
réussit également à nous donner cette impression d’enfermement qu’ont subie les
deux scientifiques dans la nacelle étroite de l’aéronef, lui-même soumis aux
caprices météorologiques. Alternant gros plans avec une caméra embarquée
tremblotante et plans larges d’une somptueuse beauté, ce dernier mêle
astucieusement l’infiniment petit avec l’immensément grand, mélange
parfaitement le grandiose avec le danger.
Outro :
contrat rempli
Aidé, en outre, par des
effets spéciaux à couper le souffle et une partition irréprochable signée
Steven Price (Gravity), « The Aeronauts » affiche clairement ses
ambitions : offrir au tout-regardant un spectacle rythmé et généreux en
sensations fortes qui vaut davantage pour ses qualités esthétiques que
narratives. Et, en cela, ce huis clos aérien est une réussite. Une véritable invitation
à une épopée spectaculaire au-delà des nuages. Contrat rempli, donc, pour les
producteurs, qui s’adressent ici essentiellement au grand public. Le cinéphile,
lui, reste avec un goût de trop peu et quelques regrets, imaginant le
divertissement instructif qu’aurait pu être ce long-métrage, à mi-chemin entre
le film d’aventure grisant et l’œuvre vulgarisatrice.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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