Ad Astra
L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.
I. A
Space Odyssey
On a quitté James Gray
avec l’envoûtant et malheureusement sous-estimé « The Lost City of Z », en
2016. Un film d’aventure maousse qui sondait l’intime. Changement de registre
avec « Ad Astra » qui fait rimer science-fiction avec introspection. Le genre
offre derechef la possibilité au cinéaste de s’éclater dans une esthétique
d’une richesse éblouissante tout en proposant un récit intimiste. En cela, son
nouveau long-métrage s’inscrit parfaitement dans sa filmographie dans laquelle
on retrouve les excellents Little Odessa, The Yards, We Own The Night ou encore
Two Lovers.
II. Vers
l’infini et au-delà !
Avec ses ambitions
formelles et philosophiques « Ad Astra » (vers les étoiles, en français) doit
se voir comme le cousin pas si éloigné du kubrickien « 2001 : A Space
Odyssey ». On y suit l’astronaute Roy McBride incarné par un Brad Pitt à
nouveau sensationnel après sa performance hallucinante dans le dernier
Tarantino. Ce dernier s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la
recherche de son père disparu (Tommy Lee Jones, bouleversant). Son but :
résoudre un mystère qui menace la survie de la planète. Lors de son voyage, il
sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence
humaine et notre place dans l’univers.
III. Sidéral
et sidérant
Comme ses comparses
Alfonso Cuarón (Gravity), Christopher Nolan (Interstellar) ou encore Damien
Chazelle (Frist Man), le New-Yorkais tord les codes de la SF pour mieux
investiguer ses propres obsessions (les relations familiales, la solitude,
la figure du héros) et signer autant un conte spatial spectaculaire dans sa
première partie qu’une odyssée intérieure dans la seconde moitié. Vertigineux
dans ses scènes d’action (la course-poursuite lunaire), contemplatif dans ses
moments suspendus (les plans ahurissants sur les planètes Terre, Mars et
Saturne), le film prend l’allure d’une exploration sidérale sidérante !
IV. Scénariste
accompli, réalisateur virtuose
Scénariste accompli,
James Gray ne manque pas de rappeler à qui veut bien le voir qu’il est
également un réalisateur virtuose. Sa mise en scène clinique voire chirurgicale
parle d’elle-même. Et comme tout bon cinéaste, ce dernier sait s’entourer. On
gardera encore longtemps en mémoire les somptueuses images shootées par le chef
opérateur néerlando-suédois Hoyte van Hoytema (Interstellar) et accompagnées à
l’écran par la sublime et subtile partition musicale de l’Allemand Max Richter
(Hostiles). Sans oublier le soin apporté à la production design, entre gigantisme et étrangeté.
V. Sound
of Silence
On émettra par contre
quelques réserves sur certaines invraisemblances, exagérations et autres
audaces scientifiques. A ce propos, le personnage incarné par Brad Pitt semble
détenir des capacités surhumaines… Sourcilleux, on notera encore une voix off
lyrique un peu trop imposante. Reflet des questionnements intérieurs du
protagoniste, celle-ci empêche le spectateur de profiter pleinement du vide
interstellaire et du « Sound of silence ». De menues faiblesses qu’on
pardonne assez vite au cinéaste, lequel parvient à renouveler le cinéma de
science-fiction en y apportant une dimension toute singulière avec sa réflexion
existentielle sur le devenir de l’Humanité.
VI. Imax,
valeur sûre
Le tout en ne se refusant
pas de verser dans l’expérimental, le spirituel et même la métaphysique. Chose
suffisamment rare à Hollywood que pour être soulignée. Sans jamais parvenir à
maintenir un équilibre entre la volonté de proposer un grand spectacle d’une
part et les ambitions intimistes du récit d’autre part, « Ad Astra »
contient malgré tout suffisamment d’attraits pour mériter le déplacement dans
les salles obscures. A ce propos, et si seulement votre portefeuille vous le
permet ce mois-ci, la projection Imax reste le meilleur moyen de s’immerger complètement
dans le film. A bon entendeur…
Note : ★★★★
Critique : Professeur Grant
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