BlacKkKlansman
Au
début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits
civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes
villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier
Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son
arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche
hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant
son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les
lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l'histoire. Il se
fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux
Klan pour en dénoncer les exactions.
« BlacKkKlansman »,
c’est six minutes de standing ovation lors de sa première mondiale
en mai dernier. C’est aussi le Grand Prix de Cannes 2018. Pas
étonnant donc que cette adaptation du mémoire de Ron Stallworth
(intitulé Black Klansman)
intrigue et fascine.
Mélodrame
politique, « BlacKkKlansman » oscille brillamment entre
le rire et l’effroi. Les quelques scènes
anxiogènes
bénéficient d’une dose
de comic relief salvatrice.
« BlacKkKlansman »
n’est pas qu’un film nécessaire dans le climat raciste et
populiste ambiant. Avec son commentaire social et politique, le film
de Spike Lee traite un sujet ô combien important et peut se targuer
de scorer haut sur l’échelle du divertissement. De plus, son
esthétisme ultra-léché (transitions, split screens,
travelling contrarié -
le fameux shot d’Hitchcock
dans « Vertigo »
- ) atteste d’une maîtrise
totale.
John
David Washington (prochainement dans « Monsters and Men »
et « The Old Man & the Gun ») incarne Ron Stallworth,
un détective noir ayant infiltré les rangs du Ku Klux Klan dans les
années 1970. Fils de Denzel Washington, John David délivre une
prestation à la fois juste et poignante. Adam Driver joue quant à
lui à merveille un coéquipier n’ayant pas froid aux yeux.
Militante du mouvement Black Power,
le personnage de Patrice Dumas (Laura Harrier) est l’atout
féminin du casting. Son personnage n’est d’ailleurs pas sans
rappeler Angela Davis, cette militante et membre des Black
Panthers. Alec Baldwin tient un rôle anecdotique assez proche de
ses performances dans le SNL.
Dans
« BlacKkKlansman », la musique est une pièce centrale du
puzzle. Acolyte et fidèle compositeur de Spike Lee, Terence
Blanchard signe une bande son qui colle parfaitement au polar rétro
qu’est le dernier film de Lee.
Les
efforts fournis au niveau des costumes d’époque (la garde-robe de
Shaft ressortie pour l’occasion) et autres voitures vintage
nous transportent dans une Amérique retro. Les références à la
Blaxploitation abondent. Les allusions au locataire de la
Maison Blanche n’échapperont à personne. Souvenez-vous du
discours d’investiture de Trump centré sur son slogan America
First.
En
réussissant le pari d’être nécessaire ET jubilatoire,
« BlacKkKlansman », se
hisse facilement dans notre top 10 de ces dernières années. Nous
espérons qu’il fera,
sinon bouger les choses au niveau de la lutte contre les
discours haineux et le
racisme institutionnel,
avancer la conscientisation. « BlacKkKlansman »
est pour toutes les
raisons susmentionnées une petite perle du cinéma.
Avec
« BlacKkKlansman », Spile Lee le polémiste décoche un
coup de pied brutal en pleine figure des suprémacistes
blancs et
autres propagateurs
de haine et
les relègue par la même occasion au rang d’aberration du siècle
passé. Le réalisateur de 61
ans démontre par la même occasion que le septième art reste une
arme dans la lutte contre
l’injustice.
Black lives truly
matter!
Note : ★★★★★
Critique :
Goupil
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