Lady Bird
Christine
"Lady Bird" McPherson se bat désespérément pour ne pas
ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère,
qui travaille sans relâche en tant qu'infirmière pour garder sa
famille à flot après la perte d’emploi de son mari.
Larve.
Nymphe. Coccinelle. Tel est le cycle de la vie de cet insecte rouge
et noir. Dans « Lady Bird » (coccinelle en anglais),
Christine McPherson ne suivra pas le même cycle. Avant de devenir
nymphe, elle devra apprendre à se définir et ainsi espérer voler
de ses propres ailes.
Puisque
« Mothers and Daughters » était le titre provisoire du
film, il va de soi que la relation mère/fille occupe ici une place
centrale. La relation, tantôt brute, tantôt tendre, est plus vraie
que nature.
Original,
sensible, drôle, réaliste et fichtrement bien écrit, le film est
une des sorties majeures du mois. Il faut
savoir que le script faisait à la base 350 pages et qu’un certain
Noah Baumbach – une des figures du cinéma indépendant –
s’était proposé de le réaliser. C’était sans compter sur
Greta Gerwig pour qui l’heure avait vraisemblablement sonnée. La
talentueuse actrice franchit enfin le pas de la réalisation (si on met de côté l’anecdotique « Nights and Weekends »
co-réalisé avec Joe Swanberg en 2008).
Pour
ce faire, la cinéaste californienne s’est entourée de la crème
de la crème au rayon juvénile. Saoirse Ronan – impeccable –
(« Brooklyn », « Atonement », « TheLovely Bones ») et Timothée Chalamet (« Interstellar »
et plus récemment dans « Call Me by Your Name ») se
tournent autour tels les derniers représentants de la race humaine. Lucas
Hedges (« Three Billboards Outside Ebbing, Missouri »,
« Moonrise Kingdom ») joue la troisième roue du
carrosse. Laurie Metcalf (grande habituée aux séries TV) et Tracy
Letts (« The Post », « The Lovers » ou encore
« Wiener-Dog ») viennent prêter main forte aux ados.
Il
se dégage de ce « Lady Bird » un on-ne-sait-trop-quoi
prenant – serait-ce la patte de la réalisatrice ? – , une
aura à mi-chemin entre le cinéma de Wes Anderson (difficile de ne
pas penser à « Rushmore ») et celui de John Hugues
(« Breakfast Club » est le premier qui vient à
l’esprit).
La
réalisatrice fait preuve d’un don pour saisir l’insaisissable,
rendre visible l’invisible, faire de ces étapes évidentes
(première rupture, perte de la virginité, perte d’un-e meilleur-e
ami-e) des moments atypiques et fascinants.
Avec
deux Golden Globes en poche (meilleur film, meilleure actrice),
« Lady Bird » n’aura aucun mal à convaincre et à
s’imposer comme un jalon important de la construction identitaire
sur grand écran. L’héroïne est touchante et le processus de sa
transformation en adulescente, fascinant.
Note : ★★★
Critique :
Goupil
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