Battle of the Sexes
1972. La championne de tennis Billie Jean King remporte trois titres du Grand Chelem. Mais loin de se satisfaire de son palmarès, elle s'engage dans un combat pour que les femmes soient aussi respectées que les hommes sur les courts de tennis. C'est alors que l'ancien numéro un mondial Bobby Riggs, profondément misogyne et provocateur, met Billie Jean au défi de l'affronter en match simple…
Après le match du siècle
(Borg McEnroe), place à la bataille des sexes avec le nouveau film du tandem à
l’origine de « Little Miss Sunshine ». Dans « Battle of the Sexes »,
le couple de réalisateurs Jonathan Dayton / Valerie Faris s’intéresse à la
confrontation sportive et idéologique qui opposa dans les années 70 Billie Jean
King, alors number one du tennis
féminin, à Bobby Riggs, ex-champion de tennis de 55 ans et macho autoproclamé.
Provocateur très doué pour les coups médiatiques et parieur invétéré, ce
dernier provoque en duel la star binoclarde pour un montant de 100.000 dollars
avec la certitude que la gente féminine n’est pas aussi bien armée pour le jeu
de raquettes que les hommes. Cependant, ce n’est pas l’argent qui motive la
jeune femme de 29 ans, mais bien la gageure d’effacer les préjugés sexistes
véhiculés tant sur les courts que dans la vie quotidienne d’une Amérique profondément
paternaliste.
Et c’est justement dans
cette analyse assez fine d’une époque pas si lointaine que le film fonctionne
le mieux. Tant la reconstitution des seventies
tirée au cordeau que le récit soigneusement écrit par le scénariste Simon
Beaufoy (Slumdog Millionaire) forment des valeurs ajoutées non négligeables à
l’ensemble. Mais c’est finalement dans la distribution des rôles que la
production a eu le nez fin : la paire « je t’aime, moi non
plus » formée par Emma Stone (éblouissante un an après son Oscar pour La La
Land) et Steve Carell (impayable en retraité fantasque) est l’atout numéro un
de cette réjouissante dramédie. Dans leur
registre respectif, les comédiens apportent une vraie complexité à ces deux
personnalités antagonistes, qui va bien au-delà de la caricature peinte dans
les médias. Le reste du casting accorde ses violons avec quelques revenants
croisés çà et là au cours des années 90, à l’instar de Bill Pullman (Lost
Highway) ou Elisabeth Shue (Leaving Las Vegas).
Service gagnant,
donc ? Oui, « Battle of the Sexes » est réussi. Mais, il le doit
en très grande partie au documentaire éponyme de 2013 que le trio
Dayton/Faris/Beaufoy plagie ouvertement… Que ce soit dans la construction du
scénario ou sur le plan du montage, ces derniers s’inspirent sans ménagement, ce
qui pose un véritable problème intellectuel sur la propriété de l’œuvre.
D’autant plus qu’ils tentent de noyer le poisson en développant une
sous-intrigue sur l’homosexualité naissante de la tenniswoman pourtant mariée,
sujet à peine abordé dans le doc. Si l’idée d’élargir la lutte pour l’émancipation
des femmes à celle des droits LBGT n’est pas mauvaise en soi, le traitement qui
en est fait flirte avec le cliché tant dans l’approche narrative que dans la
mise en scène. Ainsi, la comparaison des deux œuvres déforce complètement la
fiction et rend justice au documentaire qu’on vous conseille de regarder
prioritairement.
A ce propos, les abonnés
Netflix se réjouiront d’apprendre qu’il est présentement disponible dans le
catalogue mis à leur disposition. A bon entendeur…
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
Critique : Professeur Grant
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