Valerian and the City of a Thousand Planets

Nous sommes en 2740.  
Valérian et Laureline forment une équipe d'agents spatio-temporels chargée de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l'extraordinaire cité intergalactique Alpha - une métropole en constante expansion où des espèces venues de l'univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d'Alpha, une force obscure qui menace l'existence paisible de la Cité des mille planètes. Valérian et Laureline vont devoir s'engager dans une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauver non seulement Alpha, mais aussi l'avenir de l'univers.


Dire que tou-te-s les amateur-trice-s de science-fiction attendait “Valerian” comme le messie serait un euphémisme; l’agent spatio-temporel étant attendu comme le père Noël un 24 décembre. Le dernier film de Luc Besson nous emmène-t-il vers l'infini et au-delà ?

En 1967, Pierre Christin et Jean-Claude Mézières – deux dessinateurs français – planchaient à quatre mains sur la B.D. que l'on connaît aujourd'hui. Sérialisées, les aventures de Valérian et Laureline furent plus tard déclinées en vingt-trois tomes. Quelque part entre 1967 et 1977, la bande dessinée éditée par Dargaud tomba dans les mains d'un réalisateur américain. Son équipe et lui s'intéressaient alors de très près à la SF. C’est à ce moment là que Georges Lucas – de par ses lectures – posa les premières pierres de sa saga culte. Quelques années après, le mythique générique jaune de “Star Wars” défilait sur les écrans du monde entier. Pas étonnant donc que le vaisseau de Valérian ressemble à s'y méprendre au “Millennium Falcon” de Han Solo. Source d’inspiration ou simple hommage ? La limite est parfois mince..  


Sans être à Luc Besson ce que “Star Wars: The Phantom Menace” est à George Lucas, “Valerian and the City of a Thousand Planets” déçoit. le réalisateur de “Nikita” et de “Lucy” ne parvient pas à reproduire son exploit de 1995 (“The Fifth Element”). Faute en est à une trop grande confiance dans le budget et les effets spéciaux (197 M€ et plus de 2734 plans de synthèse), à des personnages secondaires peu travaillés (hormis Bubble, le personnage joué par Rihanna), à une ribambelle d’incohérences et à des acteurs principaux (Dane Dehaan et Cara Delevingne) qui – malgré leur talent – peinent à porter le long-métrage sur leurs menues épaules. Nous avons du mal de nous émouvoir devant cette romance clichée qui a du mal à exister à l'écran. La liste ne s'arrête pas là. Le talon d'Achille de “Valerian” est sans aucun doute son besoin compulsif nauséabond de vouloir expliquer tous les méandres (galactiques) de l'intrigue. Cela en devient navrant lorsque le réalisateur prend la peine – à grands renforts de flashbacks peu inspirés – de créer des liens que le spectateur lambda avait déjà pris soin d'établir. Coup dans le vide sidéral. Last but not least, nous signalons la disparition de l'humour Bessonien. Là où la BD se veut drôle, nous tentons encore de nous remémorer deux passages drôles. “Valerian” se prendrait-il trop au sérieux ?

Toute comparaison avec “Star Wars” serait peu honnête. Les images de la comparaison parlent d’elles-mêmes. En revanche, le parallélisme avec “The Fifth Element” est quant à lui incontournable. Avec un plus petit budget, moins d'effets spéciaux (seulement 188 plans) et une source d'inspiration identique (Cfr. « Valérian : Les cercles du pouvoir »), “The Fifth Element” tire son épingle du jeu ! C'est à se demander pourquoi Besson ne s’est pas plutôt appliqué à donner une suite à cette merveilleuse aventure spatiale sortie en 1995 et qui compte une impressionnante fan base.

Ces défauts font-ils de “Valerian” une daube intergalactique ? Nonobstant de grosses imperfections, Luc Besson rend justice à la B.D. de Christin et Mézières quand il réussit le pari risqué de transposer tout l'univers de Valérian et Laureline. Alpha prend véritablement vie sous nos yeux. Plus vaste que le New York futuriste vu dans “The Fifth Element”, plus réel que la ville de “Cloud Atlas”, l’empire aux mille planètes impressionne ! 200 races d'alien contribuent ainsi à donner vie à la cité. Là où le cinéaste français ne loupe pas non plus le coche, c'est quand il transpose l'attitude désinvolte du tandem principal propre à la B.D. . La musique d’Alexandre Desplat, mélodieuse, est par contre un tantinet trop discrète pour nos oreilles. Niveau scénario, Besson adapte librement « L’Ambassadeur des ombres ». La patte graphique de Mézières est sur tous les plans..

Si nous pouvons parler de déconvenue, ce n'est pas tant à cause des défauts. Les films de SF n'en sont jamais totalement dépourvus. L'engouement et l'attente n'ont pas joué en sa faveur. Nul doute que le patron d’Europacorp réussira à redresser la barre de cette équipée spatiale partie dans la mauvaise direction, et ce malgré les intentions les plus louables de l’univers. Quant à nous, nous trouverons le réconfort dans un format papier qui – bien qu’ayant fêté son cinquantième anniversaire – est loin de nous désappointer !  
Note :
Critique : Goupil

N.B. : Le film ayant été tourné en 2D, inutile donc de vous parer de votre plus belle paire de lunettes 3D.


Autre critique, autre point de vue « Valérian et la Cité des Mille Planètes » vu par le Professeur Grant :


Introduction : rendez-vous manqué

Tout et n’importe quoi a été dit, écrit, montré sur « Valérian et la Cité des Mille Planètes ». Dans les faits, la profession, particulièrement divisée, n’a pas réellement tranché. Le cas est sensible. D’ailleurs, les appartenances nationales et culturelles s’en sont mêlées. Un peu de chauvinisme par-ci, un brin de dédain par-là. En substance, la critique française, plutôt enthousiaste, est montée au créneau pour défendre la nouvelle foucade de Luc Besson face au mépris des journalistes américains pleins de morgue. Mais qu’en est-il réellement ? Déconvenue abyssale ou œuvre SF sous-estimée ? Pour être honnête, ni l’un, ni l’autre. Ce qui est certain par contre, c’est que le long-métrage est un four commercial au regard des ambitions affichées par la production. Le pays de l’Oncle Sam a rejeté en bloc ce délire futuriste estimé à 200 millions d’euros et la seule commercialisation dans le reste du monde ne suffit pas à renflouer les caisses. A moins que… l’Empire du Milieu ne vienne tout remettre en jeu. On le sait, les Chinois sont férus de blockbusters qui en mettent plein les mirettes et le cinéaste français jouit en outre d’une belle cote de popularité chez eux. Bref, tout est encore possible pour Europa Corp., déjà prête avec le scénario (!) d’un éventuel deuxième épisode. Arriveront-ils à éviter le marasme économique qui pend au nez de Besson et ses sbires ? Wait and see comme le dit la formule consacrée.

La mort dans l’âme

Mais revenons-en à nos moutons. Que vaut ce fameux « Valérian » ? Ou plutôt ce fumeux « Valérian ET Laureline » ! Pourquoi mettre uniquement l’accent sur le personnage masculin alors que sa complice bénéficie d’un (dés-)intérêt tout aussi prégnant ? C’est d’autant plus étrange que le metteur en scène est, avec James Cameron, l’un des seuls réalisateurs de superproductions à construire des héroïnes fortes aux caractères bien trempés (Nikita, Leeloo, Jeanne d’Arc…). Cela émis, quand on voit à quel point ses deux protagonistes sont bâclés dans la narration, on se demande si ce n’est pas mieux pour toutes celles qui porteraient ce prénom. On ne va pas se le cacher, le plus gros défaut de cette machinerie dispendieuse est la construction des personnages. Sans évoquer le casting, le storytelling bute entre autres à cause de ces deux figures de proue. Des héros construits d’un seul bloc, sans aspérité et aux motivations bancales. Par ailleurs, leur progression dans l’histoire se lit comme un épisode des « Aventures de Saturnin ». Et encore, on l’écrit la mort dans l’âme tant nous aimons ce programme culte qui a bercé une partie de notre enfance. Inintéressants, fadasses, au même titre que la majorité des seconds rôles, tous plus crétins les uns que les autres. La distribution n’aide pas. Aller chercher Dane DeHaan et son charme de mollusque (il doit avoir des liens de parenté inavoués avec feu notre Jean-Luc national) ainsi que la toujours très subtile (ironie, s’entend bien) Cara Delevingne pour interpréter des protagonistes charismatiques qui ont de la bouteille, c’est une monstrueuse erreur de casting qui fera date dans les annales du septième art. Quant aux apparitions éclairs de Clive Owen, Ethan Hawke, Alain Chabat, Rihanna, Rutger Hauer…, ils auraient pu s’abstenir, cela aurait fait une tache en moins dans leur filmographie respective.

Scénario ? Quel scénario ?

Handicapé par son casting totalement raté, « Valérian » a du mal à tenir la distance car il se repose sur un script aux fondations branlantes, nonobstant l’appui du tandem Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, auteurs de la bande dessinée d’origine. Si le premier tiers se déroule sans (trop d’) encombre, le film se ramasse par la suite et se traîne à mi-parcours, avant de totalement s’effondrer à la fin, malgré un tempo soutenu. Luc Besson a beau faire des efforts en termes de rythme et de montage, les faiblesses narratives s’avèrent tellement lourdes qu’il lui est impossible de maintenir l’intérêt du spectateur, alors plongé dans un état léthargique. Celui-ci pensait sans doute nous impressionner avec un scénario dont l’on voit le squelette et les parties manquantes à des kilomètres à la ronde… Quelle douce naïveté ! Car le véritable problème du cinéaste, c’est son outrecuidance en tant qu’auteur. S’il fourmille d’idées, ce dernier doit être encadré et challengé par un scénariste chevronné ou critiqué par un script doctor qui prendrait le rôle de garde-fou. En réalité, le génie de Besson s’apparente à la créativité de l’enfant imaginatif qui ouvre son coffre à jouets et y voit une kyrielle d’histoires à raconter. Si l’enchevêtrement des récits apparaît sans doute logique à ses yeux, pour le copain débarqué à brûle-pourpoint, tout cela se révèle abscons. C’est pourquoi « Valérian » enchaîne des sursauts d’inventivité avec des gimmicks dispensables, passe du beau au moche sans ménagement, mélange le spectaculaire et le kitsch dans un même plan, mais aussi le virtuose et les niaiseries. En somme, le pire y côtoie le meilleur dans un salmigondis déroutant.

Space opera mégalo

Luc Besson est l’archétype même de l’enthousiaste qui ne peut se mesurer. Généreux, ce dernier est davantage dans la profusion que dans la sélection. Il joue avec tout ce qui lui passe par la main ou par la tête sans chercher une certaine cohérence, sans veiller à une quelconque harmonie. Foutraque, excessif, mégalo, son space opera emprunte autant à « Star Wars » qu’à « Avatar », fait un clin d’œil au « Cinquième Elément » - parce que l’autoréférence flatte l’égo -, mais n’oublie pas non plus de s’enrichir du matériau de base, soit la BD originelle qu’il abâtardit quelque peu. Mais là où le cinéaste réussit son pari, c’est dans sa direction artistique. Ambitieuse, celle-ci innove parfois, recycle souvent. Mais dans tous les cas, le réalisateur du « Grand Bleu » épate en proposant un véritable geste de cinéma fou et démesuré. Visuellement ébouriffant, son film impressionne dans ses compositions picturales échevelées, imprégnant d’emblée la rétine du spectateur. Baigné dans une science-fiction créative, on accepte donc plus facilement l’esthétique criarde, parfois d’un goût douteux ; les décors sont bluffants, le bestiaire galactique foisonnant et les effets spéciaux décoiffants. La meilleure séquence du métrage reste celle du Big Market, morceau de bravoure hallucinant mais illogique sur différents niveaux de réalité augmentée. Cependant, cette odyssée, aussi épique soit-elle avec ses scènes d’action qui se suivent mais ne se ressemblent pas, ne parvient pas à se départir de son récit fourre-tout, de ses protagonistes sacrifiés et de sa narration catastrophique.

Conclusion : pétri de défauts mais loin d’être honteux

Au terme de la projection, il en résulte un patchwork hors du commun dont les qualités visuelles sont mises en valeur par l’utilisation optimale de la 3D, un méli-mélo chaotique où il faut malheureusement se farcir un humour bac à sable et des dialogues bêtifiants. Pétri de défauts mais loin d’être totalement honteux, « Valérian et la Cité des Mille Planètes » doit sans aucun doute convenir à un public prépubère peu exigeant qui y verra un divertissement généreux chargé en WOW effect. Les autres spectateurs seront décontenancés par une intrigue et des personnages aussi simples tandis que les cinéphiles se rappelleront aux bons souvenirs du « Cinquième Elément », délire futuriste dingo qui reste la meilleure tentative de Luc Besson dans la science-fiction.


Note : 
Critique : Professeur Grant

Commentaires

Articles les plus consultés