Lady Macbeth
1865,
Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d'un mariage
sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe
amoureuse d'un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son
époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment,
Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour
impossible.
Macbeth..
Les féru-e-s de littérature anglaise seront prévenu-e-s : la
filiation avec la pièce éponyme de Shakespeare est loin d’être
directe. Le film prend également ses distances de son matériel
source en transférant le décor de la Russie au Somerset anglais.
L’ADN de la nouvelle russe de Nikolai Leskov (“Lady Macbeth of
Mtsensk”) est-il intact ?
Ici,
pas de Lady Macbeth à proprement parler mais une Lady Lester. Si
vous cherchez encore la véritable Lady Macbeth, intéressez-vous
plutôt au film de Justin Kurzel sorti en 2015. Marion Cotillard y
interprétait la reine complice propre à la pièce du célèbre
dramaturge anglais. Le titre du film est par ailleurs le seul lien
explicite avec ladite pièce. À en juger par son allure, cette ‘Lady
Macbeth’ nouvelle a plutôt des airs de Madame Bovary ou encore de
Lady Catherine chère à Emily Brontë (‘Wuthering Heights’).
Pour
interpréter cette “Young Lady”, Florence Pugh. L’académie des
BAFTA l’a très récemment reconnue comme « talent à
suivre ». L’ex-musicien devenu acteur Cosmo Jarvis complète
le casting en prêtant son physique à Sebastian, le jeune
palefrenier.
De
prime abord longuet et barbant, le film se révèle être bref et
passionnant. Féminisme, girl
power
et
autres idées stop-au-patriarcat-nauséeux sont au rendez-vous. Avec
son
premier
long-métrage, William
Oldroyd n’a pas son pareil pour sublimer ces personnages qui tels
des bougies romaines se consument au gré de leurs pulsions. Les
sublimes costumes de Holly Waddington font écho à la trame
scénaristique qui passe d’amour à la dégradation et se termine
sur une note vengeresse.
Certains
aspects du film d’Oldroyd dérangent. Que ce soit l’onanisme de
Mr Lester – cet époux refusant d’honorer sa jeune femme ou
encore le mutisme de la servante Anna (la talentueuse Naomie Ackie)
qui par son choix refuse de participer aux manigances de sa
maîtresse.
C’est
bien là toute l’ambiguïté morale de ce mariage « arrangé »
dont nous tairons l’issue : Quel est le prix de la liberté (de
corps et d’esprit) d’une femme subissant le joug de la hiérarchie
des genres de l’époque ?
Niveau
thématique, l’accent est mis sur le conflit entre nature (les
vastes étendues accentuent le côté sauvage de Katherine) et
culture (les règles de vie et les principes que sa nouvelle famille
tente de lui imposer). Cette thématique trouve une résonance
troublante dans un présent globalement encore trop patriarcal.
L’ennui sur le visage de Lady Macbeth attendant son mari, les
incursions dans les landes et les passages à l’acte sont autant de
répétitions qui renforcent la structure du film.
Pour
conclure, ce mélodrame porte
un
regard âpre
sur
les différentes trajectoires qui peuvent rythmer nos vies et montre
comment l’injustice peut transformer une victime en un bourreau.
‘Lady Macbeth’ nous rappelle qu’il faut se méfier de l’eau
qui dort.
Note
: ★★★
Critique
: Goupil
N.B.: Dans le même genre, nous ne saurions que conseiller la vision de ‘Belle’ d’Amma Assante qui traitait déjà de couples mixtes dans l’Angleterre d'antan.
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