11 22 63
Al
Templeton, le gérant d'un « diner » se voit
diagnostiquer d'un cancer. Il décide alors de confier à Jake Epping
– un client et néanmoins bon ami – une mission qu'il n'a
lui-même pas su mener à bien : remonter le temps afin d'empêcher
l'assassinat de JFK. Mais changer le passé va se révéler bien plus
dangereux que prévu…
La
série entrera-t-elle dans la postérité ? Pas besoin de
voyager dans une DeLorean volante pour trouver la réponse. Les
presque neuf heures vous tiendront rivé-e-s à votre canapé.
Diffusée
sur le service de VOD Hulu en janvier 2016, la série ‘11.22.63’
est l'adaptation du roman éponyme de Stephen King. J.J. Abrams et
Stephen King himself se chargent de la produire.
Plusieurs réalisateurs relativement connus (dont James Franco) se
chargent de la transposer à l'écran.
Casting
James
Franco (‘Palo Alto’, ‘This Is the End’, ‘127 Hours’,
‘Spider-Man’, ‘James Dean’, etc) - véritable stakhanoviste
crédité dans une vingtaine de projets en 2016 - partage
l’affiche avec la talentueuse Sarah Gadon (‘A Royal Night Out’,
‘Dracula Untold’, ‘Belle’, ‘Enemy’ et ‘Antiviral’).
Force est de constater que l’alchimie est bien présente. On
retrouve donc avec plaisir le tandem Sadie/ Jake. George MacKay
(‘Captain Fantastic’, ‘Pride’ et ‘Defiance’) offre à
Franco un admirable compagnon de fortune. Le jeune acteur fait ici
toute la démonstration de son talent. On retrouve également Chris
Cooper (acteur ayant fait ses preuves dans ‘The Company Men’,
‘Married Life’, ‘Truman Capote’ et ‘The Bourne Identity’)
et Josh Duhamel jouant ici un rôle diamétralement opposé à celui
qui est le sien dans ‘Transformers’. Daniel Webber se glisse
quant à lui dans la peau du démentiel Lee Harvey Oswald.
Analyse
Là
où la série frappe très fort, c'est au niveau de la titanesque
reconstitution des « Swinging Sixties ». Des
voitures vintage aux coiffures proprettes en passant
par la bienséance propre à l'époque, rien n'a été négligé.
Qui
d'autre que James Franco (qui, s'il est bon de le rappeler, a fait
des études littéraires) pour incarner Jake Epping AKA George
Amberson ; cet écrivain raté ? Bien que Franco s'en sorte
honorablement, il ne surpasse pas le « Jake-du-livre »,
son alter ego de papier.
'The
Godfather', Narnia, une Plymouth Belvedere de 1958, l'effet papillon,
la paranoïa liée à la Guerre Froide, la théorie du complot,
Dealey Plaza, Jack Ruby, etc ; vous l'aurez compris : les
références (historiques ou fictives) pullulent dans cette série.
Les
fans de Stephen King ayant lu le livre auront en tête la réplique
laconique : « The past is obdurate (= borné,
obstiné) ». Présente un nombre incalculable de fois dans le
roman de plus de mille pages, cette réplique n'est pourtant pas
prononcée une seule fois dans toute la série ! C'est,
disons-le sans mettre de gants, une erreur monumentale qui s'explique
par une volonté d'oversimplification de l’œuvre
de King afin de la rendre plus « accessible ». Dans une
même logique, d'autres différences sont à relever. Parmi les plus
frappantes, le « rabbit hole » permet cette fois un
retour en 1960 (au lieu de 1958). Mini-série oblige, cette coupe est
compréhensible. Autre différence : une partie de l'intrigue à
Derry (Maine) se retrouve gommée (et par la même occasion tous les
personnages de 'It', pourtant chers à Stephen King). Autre
différence marquante : Jake n'a qu'une seule chance dans la
série quand il se la joue 'Groundhog Day' dans le roman. De plus,
Jake se voit assister par Bill Turcotte. Cela gêne, d'une certaine
manière, l'identification du téléspectateur au héros. Enfin, où
sont passés les détenteurs de cartes ? Le « Yellow Card
Man » est bien présent mais quid de ses collègues ? Bridget
Carpenter, la scénariste, a expliqué ce choix par une volonté de
donner au « YCM » plus d'importance. Ainsi, il serait
[SPOILER ALERT] une itération de Jake si ce dernier venait à
interférer outre mesure avec l'Histoire.
Le
mot de la fin
Visuellement
captivante (avec ses voitures somptueuses, ses costumes d'une
élégance à s'en damner et ses décors rétro recréés dans les
splendides paysages de l'Ontario) et solidement interprétée, cette
dernière adaptation en date d'un roman de Stephen King réussit sans
trop de mal à nous divertir quelques heures, sans pour autant
parvenir à nous faire oublier le roman du maître de l'angoisse.
Goupil
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