Star Wars: The Force Awakens
Plus
de 30 ans après la bataille d'Endor, la galaxie n'en a pas fini avec
la tyrannie et l’oppression. Les membres de l'Alliance rebelle,
devenus la « Résistance », combattent les vestiges de l'Empire
réunis sous la bannière du « Premier Ordre ». Un mystérieux
guerrier, Kylo Ren, semble vouer un culte à Dark Vador et pourchasse
les ennemis du Premier Ordre à travers la galaxie. Au même moment,
une jeune femme nommée Rey, pilleuse d'épaves sur la planète
désertique Jakku, va faire la rencontre de Finn, un Stormtrooper en
fuite, une rencontre qui bouleversera sa vie.
Le Professeur Grant vous livre sa critique - garantie sans spoiler:
Rétroactes
Vous
l’attendiez, la voici! Non pas la sortie du nouvel épisode de
«Star Wars», mais sa critique. Mais avant cela, revenons un
instant, et chronologiquement, sur les volets difficilement accouchés
par George Lucas, père suprême de cette sainte saga de
science-fiction. En substance, cela donne ça: une prélogie foireuse
suivie d’une trilogie audacieuse.
Episode
1: une pantalonnade débilitante pour bambins qui confond la force
avec la farce. Merci Jar Jar au passage. Episode 2: une bluette
sucrée centrée sur une love-story improbable digne des plus mauvais
soap operas. Episode 3: un actionner qui use et abuse du fond vert
avec un déballage d’effets spéciaux à tout-va. Trois opus, trois
genres très différents, trois grossières déconvenues. Mais une
constante: une pauvreté abyssale du scénario avec des dialogues
«plus creux tu meurs» ainsi que des protagonistes aussi
charismatiques que Jabba the Hutt.
Ensuite,
vient la trilogie originelle de Lucas. Episode 4: un nouvel espoir,
surtout pour le fan qui s’est retapé la franchise dans l’ordre
chronologique et qui renoue enfin avec un métrage intéressant.
Certes, il a vieilli. Mais l’histoire et son rythme lent si
envoûtant fonctionnent toujours aussi bien. Episode 5:
incontestablement le meilleur volet, lequel alterne action et émotion
dans des scènes d’anthologie incroyables. Souvent imité, jamais
égalé. Episode 6: honnête film d’aventure qui ne mérite pas la
volée de bois vert qu’il a reçu à sa sortie. Du fun, rien que du
fun.
Introduction:
what did you expect?
Et
puis… l’épisode 7. On ne va pas vous tenir en haleine plus
longtemps: c’est une tuerie! Oui, oui, il faut bien l’admettre,
J.J. Abrams a réussi sa mission haut la main. Après avoir
brillamment déterré une saga cousine qui prenait la poussière sur
les meubles, «Star Trek» pour ne pas la nommer, le réalisateur de
«Super 8» et créateur de la série «Lost» livre le troisième
meilleur opus de «La Guerre des Etoiles» après les épisodes 5 et
4. Et ce nonobstant l’incommensurable pression mise sur ses frêles
épaules dès le début de la production.
Il
faut bien l’avouer, l’opération séduction menée par l’équipe
Marketing de Disney a bien fonctionné. Les surprises ont été
précieusement gardées grâce à une promotion qui a su à la fois
jouer la carte de la nostalgie et de la nouveauté sans trop en
dévoiler. Affiches, teasers et bande-annonces n’ont jamais aussi
bien fait monter la pression dans ce ballet médiatique, parfois
assourdissant, mais bien souvent exaltant. Si bien qu’en découvrant
«Le Réveil de la Force», bon nombre de théories s’avèrent, au
final, farfelues. Nous n’en dirons pas plus.
Mais
pourquoi J.J. a (presque totalement) réussi sa mission ? La réponse
en cinq points.
1.
Le fond vert est mort, vive le fond vert !
L’un
des reproches les plus tenaces envers tonton George, c’est
l’utilisation quasi systématique du fond vert. Ce qui nous donne
des CGI approximatifs qui vieillissent bien plus vites sur la
pellicule que d’autres effets visuels plus artisanaux. Il suffit de
revoir «The Phantom Menace», sorti en 1999, pour s’en convaincre
et de remarquer à quel point les effets spéciaux de «Jurassic
Park» (1993) ont pris moins de rides. Evidemment, J.J. a recours aux
images de synthèse, le contraire aurait été impossible. Mais
ceux-ci servent l’histoire et non l’inverse. Précepte que Lucas
a manifestement écarté lors de sa prélogie, lui qui voulait
s’enorgueillir d’être à la pointe des effets spéciaux.
Mais,
les années ont eu raison de son cinéma numérique. «Avatar» est
passé par là et, aujourd’hui, les épisodes 1 et 2 sont
irregardables. Des coups de poing dans l’œil! Abrams a compris
qu’il fallait revenir au réel, au tournage in situ, aux décors en
durs, aux maquillages. Bref, à l’authenticité. Tant pour la
qualité graphique de l’ensemble, mais aussi pour que le réalisme
pousse les acteurs à y croire. Oubliez les effets spéciaux froids
et laids de la prélogie car le metteur en scène renoue avec un bon
vieux cinéma artisanal, appuyé, bien évidemment, par de nombreuses
technologies actuelles. Exit donc les SFX tape-à-l’œil du début
des années 2000, et c’est tant mieux!
2.
Les papys font de la résistance
Pour
assurer la transition entre les anciens et les nouveaux épisodes, il
n’était pas question pour Disney de tout réinventer. C’est
pourquoi la production s’est tournée vers les véritables
créateurs qui ont su donner à cette franchise cette aura quasiment
intouchable. A la musique, on retrouve ce bon vieux John Williams, le
pape des thèmes cinématographiques entêtants. «Indiana Jones»,
«Jurassic Park», «Jaws», «Superman»… c’est lui. Il n’a
pas perdu la main, ni la baguette d’ailleurs, et joue avec bonheur
sur ses anciennes compositions avec quelques références bienvenues
(la «Marche Impériale» sur le plan du casque de Vador). Notre chef
d’orchestre signe un score impeccable.
A
ses côtés, on retrouve l’inimitable Ben Burtt, sound designer
d’exception. C’est à lui qu’on doit l’environnement sonore
si particulier des «Star Wars». Les bruits du sabre laser, le
langage de Chewbacca, les tirs des vaisseaux spatiaux, le souffle de
Vador… c’est lui. Sans cet artiste chevronné, «La Guerre des
Etoiles» n’aurait pas tant d’allure. Enfin, un troisième
vétéran a répondu à l’appel: Lawrence Kasdan. Le scénariste
était déjà à l’œuvre sur «The Empire Strikes Back», ce qui
devrait vous rassurer sur la qualité de l’intrigue. Pas question
de bouffon bigarré à la Jar Jar Binks ici, mais bien une certaine
noirceur qui a fait tout le sel du cinquième épisode.
3.
My Generation
Les
seniors, c’est chouette. Ils sont sympas et un chouïa gâteux.
Mais Mickey et son empire voient grand et surtout à long terme.
Certes, il fallait caresser dans le sens du poil les fans de la
première heure, à la fois exigeants et intraitables. Car c’est
finalement eux qui font la pluie et le beau temps sur la saga. C’est
eux qui décideront si le film est bon ou mauvais. Mais le studio
s’intéresse surtout aux générations futures. Celles pour qui
«Star Wars» correspond à l’époque des Lumière, (les frangins,
hein! - on parle septième art ici). «Les frères qui?», doit-on
entendre dans les écoles. Pour cela, la production a réalisé une
impressionnante sélection d’acteurs pour trouver les futurs
protagonistes qui vont interagir dans les prochains épisodes.
Ecrivons-le sans ambages, le directeur de casting a eu le nez fin.
Les
inconnus Daisy Ridley (on prédit qu’elle deviendra la future Keira
Knigthley) et John Boyega (très bon dans «Attack the Block»)
forment un tandem sympa qui n’a rien à envier à l’ancienne
génération. Dévoués, drôles, cool, ils passent bien à l’écran.
Tout comme les acteurs confirmés que sont Oscar Isaac, Domhnall
Gleeson et Adam Driver, tous les trois venus du cinéma indépendant,
lesquels apportent de l’expérience et de la solidité à cette
nouvelle garde. Mais le véritable plaisir nait sans aucun doute de
la confrontation entre ces nouveaux venus et les anciens et mythiques
personnages Han Solo, Leia et Luke Skywalker. Et voilà-t-il pas que
la madeleine de Proust fonctionne à plein régime. Disney ne s’y
est pas trompé, la nostalgie comme moteur d’émotions est une
valeur sûre!
4.
C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ?
N’empêche,
on remarquera à quel point la mécanique dictée par la firme aux
grandes oreilles est bien huilée. Très bien huilée! Trop bien
huilée? Tout est là pour contenter tout le monde, ne froisser
personne. Voyez plutôt: un réalisateur en vogue pour les geeks, une
héroïne pour les féministes, un noir pour la communauté
afro-américaine, un latino pour la collectivité mexicaine, les
anciens pour les parents et grands-parents, un nouveau petit droïde
sympa pour les enfants, un méchant masqué bad ass hyper
reconnaissable pour surfer sur le mythe Vador, une petite créature
dotée d’une grande sagesse pour nous faire oublier Maître Yoda,
une Etoile noire «bigger than life» surnommée «Starkiller» (tout
est dit), une idylle compliquée en devenir, des méchants
instigateurs entraperçus et cetera, et cetera.
Bref,
on prend la même formule et on recommence. Encore et encore.
Exactement comme l’avait fait, mais en plus flagrant encore, Colin
Trevorrow avec son «Jurassic World», en juin dernier. Pas très
original tout ça… Comme le dit l’adage, c’est dans les vieux
pots qu’on fait la meilleure soupe. Mouai… Nous ne sommes pas
convaincus. Le rendu final est beaucoup trop lisse tandis que
l’histoire est sans aspérité et un brin convenue. Explications.
5.
«Une bonne histoire, une bonne histoire, une bonne histoire»
Naguère,
Jean Gabin disait: «Pour faire un bon film, il faut une bonne
histoire, une bonne histoire et une bonne histoire». Trois choses
essentielles. Mais à l’heure où Hollywood manque de créativité,
les producteurs optent davantage sur les «bonnes histoires» qui ont
déjà fonctionné. Ces derniers préfèrent miser sur des formules
toutes faites qui se vendent sans difficulté - et surtout sans
risque financier - mais rapportent gros. Ceux-ci recherchent le
lucre, soit le succès facile et quasiment garanti à 100%. Les
scénarii originaux existent mais les producteurs se montrent
frileux. C’est que la crise guète toutes les maisons de
production.
C’est
pourquoi Disney a d’emblée validé le script de «The Force
Awakens». Une intrigue, affirmons-le, sans surprise. On a
l’impression d’avoir déjà vu la même histoire, les mêmes
thèmes, les mêmes scènes ainsi que les mêmes enjeux au cours des
six précédents épisodes. Une fois les premiers éléments placés,
la trame se veut prévisible et les rebondissements attendus. Les
scènes clés sont tellement appuyées que même le spectateur le
moins gâté en neurones n’éprouvera aucune difficulté à tout
voir venir. La surprise tient donc moins dans la qualité du récit
que dans son efficacité, lequel arrive à rassembler l’historique
de la saga pour ensuite amener de nouveaux enjeux pour des suites à
venir.
Conclusion:
quatre étoiles
Quatre.
Oui, quatre. Quatre étoiles finalement bien méritées. Parce que
l’ampleur de la tâche était «hénaurme» et qu’au final, J.J.
Abrams livre un divertissement total, un véritable film d’aventure
aussi excitant que prenant, avec une touche vintage par-ci et une
force de frappe visuelle par-là. Sans trahir l’héritage de George
Lucas, le réalisateur nous propose un tour délirant dans un
grand-huit sans temps mort. Pas une seconde de répit, pas un moment
de lassitude, pas une once de regret. Le plaisir est partout sur le
grand écran, tout le temps, et ce dès le prologue accompagné du
fameux thème musical composé par John Williams. Moment frissons
garanti!
Car
oui, J.J. respecte tous les codes de la franchise, ne dénature rien.
C’est peut-être aussi un bémol car on pourrait lui reprocher un
manque de personnalité dans sa mise en scène. Et même si on a
l’impression d’avoir une sorte de compilation des six autres
épisodes avec ces séquences d’infiltration en X-Wing dans
l’Etoile de la Mort, ces duels aux sabres laser, ces scènes
d’anthologie déjà vues (on n’en dira pas plus), la satisfaction
reste intact. Donner trois étoiles, ce serait sous-estimer
l’extraordinaire travail accompli par Abrams. Lui en offrir quatre
est sans doute un peu trop excessif. Tel est le dilemme du critique.
Aujourd’hui, on dira que la générosité prime.
Note: ★★★★
Critique:
Professeur Grant
Post-scriptum
La
3D est soignée mais pas révolutionnaire. Elle apporte de la
profondeur sur certains plans qui valent le coup d’œil mais ne
justifie toujours pas son supplément tarifaire. A bon entendeur…
Remplie de spoilers la critique de Goupil est:
Introduction
Trente-deux
ans après les événements du 'Retour du Jedi', les aventures d'une
nouvelle génération de héros dans une galaxie lointaine, très
lointaine…
Ce
texte, pas très prolixe on l'admet, s'avère être le résumé
officiel. Derrière ce manque de détails apparaît la volonté du
réalisateur de faire de 'Star Wars' un secret aussi bien gardé que
l'identité du flibustier qui a tiré le premier. Mais garder le
secret ne fait pas tout. Nombreuses étaient les craintes après le
rachat de Lucas Films (et par la même occasion les franchises 'Star
Wars' et 'Indiana Jones') par l'empire Disney. Beaucoup craignaient
de voir débarquer sur grand écran un film purement commercial.
Qu'est-il advenu de la plus célèbre franchise de l’histoire du
cinéma ? Et si le réalisateur, qui avait pourtant une première
fois décliné l'offre de Disney, avait été séduit par le Côté
Obscur ?
Cinquième
film de J.J. Abrams, 'Star Wars : The Force Awakens' avait un
bien vilain fardeau, celui d'une attente longuette. Cette attente
était accompagnée de doutes. Réinterpréter des personnages
laissés au placard pendant trente-deux ans et ainsi résumer
trois décennies en un seul film… Imaginez-vous ! Une vraie
gageure ! Le succès d'une telle entreprise, si elle venait à
se vérifier, tiendrait presque du « tour de force ». En
reprenant les rênes du Faucon Millénium, le réalisateur a du
relever un défi excitant mais ô combien peu enviable dont la lourde
tâche consistait à rassembler un casting adulé. C'était aussi
l'occasion de passer le flambeau à une nouvelle génération. Si
seulement le réalisateur avait pu choisir la formule remake ou
reboot et faire tabula rasa ; cela aurait sans nul doute
été plus facile. Avec l'épisode VII, nous sommes en présence
d'une véritable suite. Pour les anciens, cela veut dire enfiler des
costumes pour la quatrième fois. Pour le réalisateur, cela implique
de faire du nouveau avec des vieilles casseroles. Et la difficulté
de reprendre où George Lucas l'a laissé en 1983, en essayant - tant
que faire se peut - de faire oublier une prélogie qui a bien failli
porter le coup de grâce à la célèbre saga.
Appartenant
au genre du Space Opera, 'Star Wars' (ci-après 'SW') a su s'imposer
comme un chef de file. Sous-genre de la science-fiction, « l'opéra
de l'espace » met l'accent sur une aventure (principalement
dans l'espace) mélodramatique incluant souvent une prise de risque.
Sous-genre très souvent agrémenté d'une romance chevaleresque et
impliquant un conflit entre adversaires possédant des capacités
avancées (la Force), des armes futuristes (les sabre-lasers) et
d'autres technologies de pointe (des croiseurs interstellaires)…
Après
cet éclairage, 'Star Wars : The Force Awakens' (ci-après
'TFA') est-il un retour aux sources ? Abrams parvient-il à insuffler
un nouveau souffle à 'SW' ? Avec cette septième déclinaison du
mythe, la franchise effectue-t-elle un retour gagnant ?
Trois
décennies après la mort de l'Empereur Palpatine, les derniers
représentants de l'Empire se sont regroupés et ont formé le
Premier Ordre. Régenté par le chef suprême Snoke – une figure
forte toute mystérieuse, ce Premier Ordre a un nouveau bras droit
(le général Hux), de nouvelles recrues, une nouvelle super-arme, et
un nouveau guerrier animé par la Force et répondant au doux nom de
Kylo Ren.
Dès
le générique, la musique – opérant tel un stimulus sonore – de
John Williams se fait entendre et déjà un sourire niais s'affiche
sur notre visage. En sus du son, les renforts visuels – tels
que les fameux balayages qu'on prête à la série – nous aident à
percevoir en filigrane l'ADN de la première trilogie. Afin de
calquer son esthétique, le réalisateur a préféré éviter les
fonds verts. J.J. Abrams a fait attention aux conventions de la
série; à quelques nouveautés près. En effet, tout le génie
d'Abrams est de gommer les défauts des précédents films. Comme en
témoigne le poster, aucune mention d'un « épisode VII »
n'est visible. Peur de rebuter les spectateurs potentiels de la
saga ? Envie d'attirer les fans déçus par la prélogie de
1999-2005 ? Ce n'est aucunement un oubli.
La
femme contre-attaque
Pas
question non plus d'afficher à nouveau une « poster girl »
(oubliez la princesse Leia en bikini). Le film nous livre ici une
véritable « power-girl » qui a beaucoup plus de mérite
que son prédécesseur. Avec seulement deux semaines d'expérience
avant le tournage, Daisy Ridley – dans le rôle de Rey –
s'avère être une actrice de génie. L’actrice aide ainsi Rey à
s'imposer comme la nouvelle héroïne de la saga ! Finn (John
Boyega), héro malgré lui, apporte une touche comique avec beaucoup
d'intelligence. La princesse Leia se voit quant à elle attribuer le
rang de générale. Son combat est à mettre en parallèle avec celui
des femmes. Le personnage étant d'ailleurs né peu de temps après
la deuxième vague féministe. Le message qu'envoie le cinéma
d'Abrams est positif : un cinéma où les femmes peuvent se
débrouiller toutes seules et dans lequel elles occupent des postes
importants. Justice a été faite ! On espère que le film fera
des émules à ce niveau.
Écho
contemporain de la trilogie originale, le film ne délaisse toutefois
pas les références à des régimes d'extrême droite du siècle
dernier (nous pensons notamment au rassemblement du Premier Ordre qui
n'est pas sans rappeler celui de Nuremberg de 1934), comme pour
continuer à nous mettre en garde. « Rappelons-nous du passé
pour mieux construire le futur ».
Un
important message dans 'SW' est de prendre conscience de son
potentiel et de comprendre ce dont on est capable. Ce message est
valable pour les deux camps : La Lumière mais aussi le Côté
Obscur. Le scénario laisse paraître une volonté de voir un méchant
évoluer. Nous ne sommes pas en présence d'un méchant déjà
construit comme l'était Darth Vader. Ici, le méchant est en
construction. Kylo Ren, en commettant un parricide, se réalise
complètement en tant que grand méchant. Œdipe, merci pour la mise
en garde.
Les
références sont parfois plus recherchées, comme celles tout droit
sorties de la légende Arthurienne. L'épée dans l'enclume (l’épée
dans la neige), les chevaliers de Ren. À la fin, Luke affiche un
look similaire à celui d'Obi-Wan dans ses vieux jours. Un vieil
homme à la barbe grisonnante ; soit la figure du vieux sage
(Merlin, es-tu là ?).
Avec
'TFA', les bons choix ont été opérés. Bonjour les vieux costumes
à la limite du kitsch et autres créatures robotisées et, dans la
mesure du possible, au revoir les créatures CGI. Les décors sont
bien là, devant nos yeux. Cette volonté de garder un pied dans le
monde pré-digital est un excellent choix et ne décrédibilise
aucunement le film dans le panorama actuel.
Un
solide ADN
Le
mystère planant sur le film avant sa sortie a lui aussi son rôle à
jouer dans le succès rencontré. Clause de confidentialité,
discrétion observée sur le tournage, machine anti-drones sur le
set, toutes ces précautions prises n'étaient donc pas superflues
(il suffit de se rappeler comment la prélogie s'était fait spoiler
avant sa sortie en salles). Accompagné d'un rythme rapide, le film
trouve immédiatement le bon ton. Les explications tiennent la route
et parviennent même à renforcer la cohérence de la mythologie
'SW'. Nul ne doute qu’après les VIII et le IX, la boucle sera
bouclée. L'atout majeur du film est sans conteste son casting et la
diversité de celui-ci. Un latino, un noir, une blanche. De quoi
pointer du doigt certaines grosses productions passées (et à
avenir) et se lever contre un des torts de l'industrie made in
Hollywood. Pas de whitewashing ici. Seulement de la mixité.
Tolérance 1, racisme 0. On craignait aussi de voir un film
Disneyisé. Pas de R2D2 rose (on l'a peut-être évité de peu) ni de
grandes oreilles noires derrière un sabre-laser. Ouf, nous pouvons
respirer (hhch...rouch) ! Une autre force du film est
d'introduire de nouveaux personnages auxquels le public peut
s'attacher. À l’instar de Rey, c'est quand le film regarde en
avant plutôt qu'en arrière qu'il se montre le plus efficace. Le
septième film autour de l'univers de 'SW' est un film humain. La
passion transpire dans beaucoup de scènes. Tout comme les jedi,
l’humour effectue son grand retour sans pour autant se perdre dans
les méandres du film d'action/comédie. Finn et Chewie se partagent
par ailleurs les meilleures plaisanteries. Le scénario coécrit par
J.J. Abrams/ Lawrence Kashdan (le cerveau derrière 'The Empire
Strikes Back' et 'Return of the Jedi') fait des
merveilles. Il est partiellement basé sur celui de Michael Arndt,
lequel reçut son C4(PO) de Disney.
Une
pluie de références
Le
film, aussi réussi qu'il soit, n'est pas exempt de défauts. La
scène infestée de créatures CGI aux longs tentacules fait
ressurgir la « menace fantôme » du passé. Fort
heureusement, cette débauche d'effets spéciaux est de courte durée.
Même si le look de Kylo Ren est de pied en cap(e) réussi, celui du
Suprême Leader Snoke est, lui, en reste. Alors oui, nous ne l'avons
pas vu en chair et en os, mais nous lui aurions sans doute préféré
une apparence moins « Gollum Magnus». Un dernier point qui
pèche légèrement est la musique. La BO reprend bien les thèmes de
la saga mais peine toutefois à en proposer de nouveaux aussi
mémorables que par le passé.
200
000 000$, c'est le plus gros budget 'SW' à ce jour. Au moment où
nous écrivons ces lignes, le film a déjà récolté 238 000 000 $
après un weekend de lancement de tous les records. Défi relevé
donc après avoir détrôné l'énormissime dinosaure qu'est
'Jurassic World'.
Bien
que beaucoup d'acteurs ayant participé au succès de 'SW' signent
leur comeback – Harrison Ford, Anthony « 3PO »
Daniels, Kenny « R2D2 » Baker, Peter « Chewie »
Mayhew, Tim « Ackbar » Rose, sans oublier Mike Quinn (le
pilote Nien Nunb), c'est Mark Hamill et Carrie Fisher qui
sortent de l'ombre après avoir été absents pendant trop longtemps.
Cette équipe presque surannée est en parfaite communion avec les
petits nouveaux qui ne peinent aucunement à trouver leur place dans
cet univers. Ce subtil mélange entre les deux castings fait des
étincelles dans un film qui se veut collaboratif. En plus du tandem
Ridley/Boyega, Gwendoline Christie, Adam Driver, Oscar Isaac,
Domhnall Gleeson (le fils de l'acteur Brendan Gleeson), Max Von Sydow
(Lor San Tekka – allié mystérieux de la Nouvelle
République et de la Résistance), Andy Serkis, Lupita Nyong’o
(Maz, mentor de Han Solo vivant sur Takodana) et Billie Lourd (la
fille de Carrie Fisher) délivrent de solides performances. Big ups
pour Adam Driver en méchant crédible et Oscar Isaac dans le rôle
d'un pilote aussi chevronné que Han Solo. Ce n'est pas tout. Dans
une scène des plus oniriques, les voix de Yoda (Frank Oz), Luke et
Obi-Wan (Ewan McGregor et feu Alec Guinness) se font entendre. Deux
autres cameos, plus évidents cette fois, sont à signaler avec un
Daniel Craig impérial – déjà affublé du surnom
« Stormtrooper Bond » sur la toile et un Simon Pegg
méconnaissable dans la peau de Unkar Plutt, chef de la collecte
basée sur Jakku.
Bien
que l'une ou l'autre références aux épisodes I, II, III soient
présentes (référence aux soldats clones, le casque d’entraînement
d’un jeune padawan, etc), il y a clairement un appel du pied à la
trilogie originale. Ce n'est dont pas surprenant de voir toutes les
similitudes entre 'The Force Awakens' et 'A New Hope' (qui s'avère
être le préféré d'Abrams). BB-8, petit robot investi d'une
mission secrète sur une planète désertique. L'auberge sur Takodana
s'impose comme le nouveau repère de contrebandiers et autres
vauriens (dans un style qui n'est pas sans rappeler la cantine de Mos
Eisley). L’étoile de la mort est ici remplacée par une planète
(Starkiller Base) encore plus imposante et menaçante. La base des
rebelles établie sur une planète forestière. La destruction d'une
planète entière.
Il
y a aussi moult clins d’œil (la sphère d'entraînement de Luke,
le jeu d'échecs hologramme, FN-2189 - le numéro de matricule de
Finn, etc). La scène du sabre-laser coincé dans la neige renvoie
quant à elle directement à l'épisode V quand Luke est fait
prisonnier par le Wampa. Pour résumer, 'TFA' installe les bases
d'une nouvelle trilogie. Le but étant de rassembler les générations
de fans autour d'un même film. Ce n'est donc pas surprenant si le
film nous semble si familier.
To
be continued…
Quand
sonne l'heure du générique de fin, le mystère plane toujours
autour de Finn et Rey ; de quoi laisser du temps aux fans pour
spéculer. Le film, qui se termine par un « cliffhanger »,
laisse de multiples possibilités pour les réalisateurs des épisodes
VIII et IX ; respectivement Rian Johnson ('Looper', 'Breaking
Bad') et Colin Trevorrow ('Jurassic World').
Laissons-nous
aller à quelques prédictions. Au prochain épisode, Rey va
apprendre à utiliser ses pouvoirs, recevant ainsi l'entraînement
qu'elle n'a jamais eu (ou parfaisant l’entraînement qu’elle
aurait eu enfant et dont elle ne se souviendrait pas). L’une des
questions qui taraude les fans tourne autour de l'identité du père
de Rey. Rey est-elle la fille de Luke ? Plusieurs éléments
vont dans ce sens (Rey est une pilote remarquable, tout comme Luke et
Anakin avant elle ; En arrivant à la base rebelle, elle
déclenche le réveil de R2D2 ; Le sabre-laser de Luke l'appelle
et ne semble obéir qu'à elle seule). Ou bien la fille de Han et
Leia elle serait ? Ce qui ferait d'elle la sœur de Ben Solo,
aka Kylo Ren… Peut-être a-t-elle été élevée par Leia quand
Kylo et Han n'étaient plus dans le giron familial ? Ren, fille
de Luke ou Leia ? Le mystère reste entier. Gardons en tête que
'SW' est une histoire aux allures Shakespeariennes. Après tout, 'SW'
a toujours été le drame d'une seule et même famille.
Une
autre interrogation porte sur l'identité du nouveau représentant du
Côté Obscur. Snoke serait-il Darth Plagueis ? Souvenez-vous, le
maître de Darth Sidious qui aurait appris à déjouer la mort. Un
maître qui aurait (remarquez l’emploi du conditionnel) pu donner
naissance à Anakin en influençant les midi-chlorians dans une
volonté de contrôler à la fois le Côté Obscur et La Lumière.
C'est ce que suggère l'Univers Étendu de 'SW'. Darth Plagueis y
étant décrit comme un être surdimensionné et dont le visage
serait balafré. Serait-ce lui qui, placé derrière des rideaux,
tire toutes les ficelles ? Il est trop tôt pour le dire et
aucune réponse ne tombera avant le 24 mai 2017.
(Guerre)
Des étoiles plein les yeux
« C'est
vrai. Tout est vrai. Le Côté Obscur, les Jedi. » Ça y est:
J.J. Abrams l'a fait ! Il a réussi là où Georges Lucas a
échoué. Certes, 'Star Wars' ne ré-imagine pas son univers de façon
trop agressive, mais Abrams surprend positivement en s'attaquant à
cette sacro-sainte institution qu’est ‘La Guerre des Étoiles’.
Ce nouveau 'SW', c'est un peu comme si nous retournions dans la
maison de Yoda et que nous explorions de nouvelles pièces. En TV,
Abrams reste le maître en termes d'épisodes “pilot”. Il le
prouve ici une nouvelle fois. En regardant 'TFA', on se dit que le
film a été réalisé par un fan, pour les fans. La force de ce
nouveau 'SW' est de comprendre comment les audiences se sont
identifiées à la saga. Georges Lucas avait oublié ce qui avait
fait le succès de 'SW'. La meilleure façon d'apporter du sang neuf
à 'SW' était peut-être de tuer le père de la saga. George Lucas
n'est plus. L'apprenti aurait-il dépassé le maître ?
Le
réalisateur trouve ici un compromis générationnel avec amour,
enthousiasme, style et minutie. Force nous est de constater que le
film se révèle très divertissant. 'Star Wars : The Force
Awakens' est une aventure intergalactique qui ravira petits et
grands. Jouissant de critiques dithyrambiques, le film ne prend pas
le public pour des « gungans » (comprenez des créatures
écervelées), comme ce fut le cas avec l'épisode I (1999) et son
lot de gags tout droit sortis d'un cartoon et affublé d'un humour de
bas étage.
Se
révélant au monde comme un « fanboy » ayant étudié
l’œuvre originale, J.J. Abrams parvient à insuffler de la vie
dans la partition moribonde que devenait 'Star Wars', partition dont
le compositeur George Lucas se lassait, comme un maître Sith se
lasserait de son apprenti. Plus une passerelle vers une nouvelle ère
plutôt qu'une nouvelle ère à proprement parler, le film permet au
public de monter à bord d’un vaisseau vers une galaxie lointaine,
très lointaine… Irrésistible !
Note :★★★★★
Critique :
Goupil
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