Dope
Malcolm est un geek.
Il (sur)vit dans les Bas-fonds, un quartier difficile d'Inglewood,
Los Angeles. Entre les formulaires d'inscription pour l'université,
les entretiens, les examens et l'envie d'entrer à Harvard, Malcolm
est débordé. L'invitation à une soirée underground va mener
Malcolm et ses amis dans une aventure qu'ils ne seront pas prêts
d'oublier.
Une rencontre fortuite avec un dealer prénommé Dom amène ce dernier à utiliser le jeune Malcolm comme intermédiaire dans ses tentatives de séduction de Nakia (Zoë Kravitz), pour laquelle Malcom a un faible. Cela aboutit à une invitation à la fête d'anniversaire donnée par Dom ce soir-là. Alors qu'un deal poudreux se transforme en règlement de comptes et laisse la boîte sens dessus dessous, Malcolm marque des points auprès de Nakia en la faisant sortir en toute sécurité. Ce n'est qu'au lendemain de cette fête surréaliste que Malcolm réalise qu'il a par la même occasion fait sortir un colis de près de 100.000$ d'ecstasy.
Que
ce soit dans 'The Social Network', 'Sneakers', 'Wargames', 'Tron' ou
encore 'Revenge of the Nerds', les geeks n'ont pas la vie facile au
cinéma. Cela se vérifie-t-il dans 'Dope' ? Rick Famuyiwa ('Our
Family Wedding', 'The Wood') parvient-il à apporter du sang
neuf à un genre moult fois traité ?
'Dope'
se présente comme une comédie sur les déboires de trois
ados au penchant geek. Fable comique tordant le cou aux clichés
véhiculés dans les films de gansta (comprenez « gansters »),
'Dope' trouve le bon dosage entre légèreté
de ton et propos sérieux. Analyse d'un succès critique et public.
Avec
son irrévérence
et ses scènes hilarantes
(audience hilare à plusieurs reprises
pendant la projection au Festival
du Film Américain de Deauville),
le film
prend du plaisir à dévoiler
un propos loin d'être
désinvolte et apporte
un regard neuf sur le
phénomène de ghettoïsation dans les milieux socio-économiques
défavorisés. Le
long-métrage dépeint une
situation complexe sans
blesser quiconque. La
violence et les coups de feu ne sont là que pour rappeler le
quartier difficile et rempli de criminalité
dans lequel évoluent
les protagonistes.
Au sein de cette communauté noire où il
est parfois
difficile de mener une vie normale, Malcolm,
l'intello/geek,
sera amené à se la jouer « gansta ». C'est là la force
du film : son authenticité.
Avec les gangs d'un côté et les dealers de l'autre, beaucoup ne
rejoignent pas l'école et se perdent en chemin. Dans le film, les
personnages principaux ne jouent pas aux durs, ils veulent juste
aller à l'école et ainsi
monter dans « l'ascenseur
social ».
Le
casting réunit une clique improbable : musiciens, rappeurs et
autres top-modèles assurent et délivrent de bonnes prestations.
Shameik Moore, acteur et petit génie de la musique, joue Malcolm. Il
donne la réplique à Diggy (Kiersey Clemons) et Jib (Tony Revolori)
- le « Lobby Boy » dans 'The Grand Budapest Hotel'. Zoë
Kravitz (chanteuse du groupe « Lolawolf ») et Chanel Iman
(le mannequin) s'ajoutent à ce casting osé. La direction de ce
casting encore peu expérimenté est impeccable. On aime ce casting
black dans un Hollywood qui arbore trop souvent un visage blanc.
Forest Whitaker donne sa voix pour une narration plus grave, comme
pour rappeler que tout n'est pas qu'amusement.
Avec
une mise en avant de la culture hip-hop, des références à l'âge
d'or du rap, des coupes de cheveux afro/plates, un culte pour le
vintage (les baskets Air Jordan 3, les vélos BMX
colorés, les skateboards, les vieux comics, les vieux Walkman),
le film donne dans la nostalgie des 1990s. Smartphones et « skinny »
jeans en plus. Toutes ces références font que 'Dope' entre en
résonance avec le spectateur.
La bande-son, assez funky, n'est pas en reste avec des chansons créées par Pharrell Williams pour le groupe fictif 'Awreeoh' (prononcez « Oreo »). 'Go Ahead' et 'Can’t Bring Me Down' valent un petit détour sur Youtube. D'autres classiques viennent compléter la playlist (Nas avec 'The World Is Yours', A Tribe Called Quest avec 'Scenario', etc). Les plus attentifs relèveront même des références à Ice Cube et autres Run-D.M.C. .
La bande-son, assez funky, n'est pas en reste avec des chansons créées par Pharrell Williams pour le groupe fictif 'Awreeoh' (prononcez « Oreo »). 'Go Ahead' et 'Can’t Bring Me Down' valent un petit détour sur Youtube. D'autres classiques viennent compléter la playlist (Nas avec 'The World Is Yours', A Tribe Called Quest avec 'Scenario', etc). Les plus attentifs relèveront même des références à Ice Cube et autres Run-D.M.C. .
Le
montage brillant – récompensé à Sundance en janvier
dernier, s'offre plusieurs audaces visuelles avec notamment des
smileys à l'écran pendant certaines conversations et une pause en
plein milieu d'une course-poursuite. Ce qui a pour effet de nous
placer directement dans la tête du protagoniste et de penser aux
implications et à la suite des événements. Effet comique garanti.
Réseaux
sociaux, hashtags, Bitcoin, Vine, écouteurs Beats,
Snapchat, etc. : le film n'est pas très loin d'une
resucée de 'The Hood' (du même réalisateur) revue aux goûts du
jour.
Comme
dans beaucoup de comédies « teenage », cocasserie et
maladresse se mêlent entre ados de sexe opposé. À ce propos, le
film trouve un écho en des films comme 'American Pie' &
'Superbad'. C'est souvent la même rengaine : un étudiant
virginal cherche le grand amour mais des lourdauds vont venir
contrecarrer ses plans. Tout comme Jim et Seth dans les films
susmentionnés, Malcolm devra se définir et affirmer son identité
afin de réussir son passage à l'âge adulte.
À
sa sortie US, 'Dope' est entré dans l'histoire puisqu'il fût le
premier film à accepter la monnaie Bitcoin (qui est une
monnaie virtuelle) pour l'achat des places. Pour un film écrit et
réalisé par une seule et même personne (Rick Famuyima), nous ne
pouvons que saluer les qualités de ce réalisateur qu'il nous faut
désormais suivre de près.
Avec
son rythme électrique
et son propos audacieux, 'Dope' se montre dynamique
à souhait et apporte son lot de fraîcheur. Une belle trouvaille qui
jouit de critiques unanimes. Difficile de bouder son plaisir tant
l'attachement à cette bande d'antihéros aux sensibilités multiples
est inévitable. Substantif caractérisant la came, le mot est aussi
utilisé en anglais comme adjectif. Dans ce cas, « dope »
veut dire… « très bon » ! Inutile de vous faire
un dessin…
Note : ★★★★★
Critique :
Goupil
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