Mr Holmes
En 1947, Sherlock
Holmes est à la retraite depuis longtemps et vit paisiblement dans
le Sussex avec sa gouvernante et le fils de celle-ci. Mais
l'infatigable Holmes est hanté par un passé turbulent et plusieurs
anciens dossiers non résolus ne cesse de le perturber. Malgré une
mémoire le mettant durement à l'épreuve et son légendaire pouvoir
de déduction n'étant plus ce qu'il était, Holmes se lancera dans
son ultime enquête, qui s'avérera une des plus compliquées de sa
longue carrière.
"I decided to get it right before I die".
1887 :
Arthur Conan Doyle donna vie à Sherlock Holmes. En 2005, Mitch
Cullin - romancier à succès - ressuscita le plus grand détective fictif
de tous les temps avec son roman "A slight trick of the
mind". Dix ans plus tard, Bill Condon ('Gods and Demons', 'Dr
Kinsey', 'Dreamgirls', etc) adapte le roman de Cullin sur grand
écran.
Faut-il
pour autant se réjouir du retour du privé so British
affublé d'une
casquette et fumant la pipe ? Passons le film à la loupe.
Opérant
une « résurrection » de personnage au vu d'un ADN
étranger à A.C. Doyle, le tandem Cullin/Condon dépeint un
Sherlock différent en prenant soin de le rendre plus humain. Le
célèbre enquêteur affiche une attitude moins rogue et presque
empathique. Alors que la vision de Watson le transformait carrément
en surhomme, la perspective est ici tout autre. Nous sommes presque
en présence d'une analyse « Sherlock vu par Sherlock ».
Ayant choisi l'exil plutôt que le face-à-face avec ses
responsabilités, le détective est maintenant contraint à devoir
livrer un dernier combat : celui contre sa mémoire qui lui joue
des tours. Diminué physiquement et mentalement, Sherlock mène bien
malgré lui une enquête à rebours à la recherche d'une
vérité oubliée. Plusieurs investigations resurgissent de son passé
comme pour entraver toute progression. Dans sa recherche de la
Vérité, les pertes de mémoire l'affectent comme un enchaînement
d'uppercuts affaibliraient le boxeur le plus aguerri.
Côté
scénario, on remarque quelques originalités. L'idée du film est de
corriger le portrait peu fidèle que Watson fit de Sherlock. Le film
se permet ainsi de se distancer de certains clichés tenaces:
pas de pipe ni de casquette en vue. Sherlock démonte ici les idées
reçues autour de son personnage. Aucune trace de son éternel
némésis, Moriarty. On entraperçoit à peine Watson. Mycroft (le frère de Holmes), le « Diogenes Club », Baker
Street, etc., les puristes d'A.C. Doyle se retrouvent dans un
environnement familier. Seule la
visite dans un
Japon post-hiroshima apporte
du sang neuf à la saga et souligne
l'importance d'une ouverture
d'esprit face à la multiculturalité du monde (comme en témoigne la scène
finale).
Avec
une enquête gentillette, Condon réalise un véritable portrait de
la nature humaine. La palme aux interprètes principaux. En enquêteur
en herbe, Milo Parker joue admirablement bien. La complicité entre
le vieil homme et l'enfant est remarquable.
Sir
Ian McKellen s'investit jusqu'au bout en prenant des cours
d'apiculture avec la London Honey Company. On raconte qu'il
n'a pas été piqué pendant le tournage. Gandalf/Magneto, a été indubitablement aidé par son expérience sur 'Gods and
Monsters' (pour lequel Condon le dirigeait déjà) puisqu'il y jouait déjà un homme au grand âge qui voyait diminuer ses facultés mentales.
Le
maquillage a aussi son importance puisque Sir Ian McKellen incarne un Sherlock de 93 ans alors qu'il n'en a que 76.
Le
détail qui n'aura pas échappé aux véritables fans de Sherlock
Holmes est la présence de Nicholas Rowe, l'acteur qui campa Holmes
dans 'Young Sherlock Holmes' en 1985. Dans une scène déjà culte (Holmes se rend au cinéma pour voir une de ses
aventures portées sur grand écran), le réalisateur parvient à se
faire rencontrer deux Sherlock. « Élémentaire, mon cher Watson! »
Après cette prouesse, Bill Condon portera bientôt 'Beauty and the Beast' sur nos écrans.
Note : ★★★
Critique : Goupil (relecture Choupette)
Commentaires
Enregistrer un commentaire