The Hobbit: The Battle of the Five Armies
Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.
Les meilleures choses ont une fin. L’adage est connu. Ainsi, après une première aventure cinématographique consacrée à la Terre du Milieu avec le triptyque «The Lord of The Rings», Peter Jackson conclut sa deuxième trilogie avec «The Hobbit: The Battle of The Five Armies». Sans surprise, ce final est une sainte orgie d’action en tous genres où le réalisateur prend plus la peine de nous montrer à quel point il aime exploser le compteur «morts» dans des scènes de batailles homériques plutôt que de nous prouver son désir d’approfondir la nature humaine et explorer les sentiments de ses personnages que l’on a aimé suivre durant ces trois dernières années.
Un constat frappant: là où le Néo-Zélandais pouvait réaliser un diptyque cohérent narrativement et visuellement sur base d’un matériau d’origine qui ne demandait pas un traitement plus longuet (autrement dit, ce qui était prévu à l’origine, six mois avant la sortie de «An Unexpecting Journey»), ce dernier a choisi de gonfler clopin-clopant son récit en une trilogie totalement déséquilibrée. Un premier épisode un peu mou du genou, un second frustrant sans véritable début et surtout avec un final artificiel et, enfin, un troisième opus qui s’emmêle les pinceaux dans des scènes de combats assommants, défaut régulier voire classique des troisièmes volets de sagas cinématographiques – rappelez-vous les «The Matrix Revolutions», «X-Men: The Last Stand» etc. «Trop is te veel», comme dirait l'autre. Trop d’action tue l’action.
Autre point imputable: un montage catastrophique dicté par les sacro-saintes lois du marketing. On le sait, le réalisateur aime retirer des séquences entières en post-production. Des scènes coupées suivant plusieurs objectifs. Premièrement, il s’agit avant tout de booster la narration afin de ne pas ennuyer le spectateur avec des moments dispensables du scénario. Raison artistique noble s’il en est. Secundo: diffuser un film d’une durée raisonnable et, si possible, bien en dessous des trois heures afin de maximiser le nombre de séances sur une journée dans les salles obscures. La finalité mercantile se fait sentir. Seulement, ici, ce ne sont pas ces buts-là qui ont été poursuivis mais bien la volonté de garder un peu de matière pour les «éditions longues» qui sortiront dans un an en DVD/Blu-ray. Histoire de se faire un max de pognon sur le dos des consommateurs. Le problème, c’est qu’ici, le réalisateur a eu la main exagérément généreuse en salle de montage et à trop amputer son œuvre perturbant de fait l’homogénéité de l’ensemble. Preuve s’il en est: Jackson a d’ores et déjà annoncé qu’il y aurait une demi-heure de scènes additionnelles…
D’une durée record de 2h20 (en Terre du Milieu, on n’a jamais connu aussi court), le métrage est, paradoxalement, le plus long de la saga! La faute à des scènes de combats redondantes et étirées à l’envi (long, mais long!!!) ainsi qu’à un manque cruel de contenu scénaristique. On déplore ainsi une absence aberrante de rebondissements, de retournements de situations, de sous-intrigues et d’enjeux. En réalité, l’histoire de ce troisième volet peut se résumer, non pas à son synopsis, mais bien à son seul titre. Car, effectivement, il n’y a que la «bataille des cinq armées» qui nous est donnée à voir. Le film aurait pu au moins gagner en atmosphère et en fluidité si la production n’avait pas charcuté la bobine au couteau de boucher. Les coupes sont flagrantes et engendrent des scènes maladroites. SPOILER Comme lorsqu’on voit Beorn se joindre à la bataille et qu’on l’oublie illico-presto. Idem pour les vers de terre (que deviennent-ils?). Le final avec les aigles est lui aussi zappé vitesse VV prime.
Coté cohérence, on ne parle même pas de l’introduction «emballée, c’est pesée» où le dragon Smaug se déchaîne sur le village des hommes. Une séquence ahurissante qui a davantage sa place à la fin du deuxième opus titré, pour rappel, «La Désolation de Smaug». Enfin, sacrilège!, le héros devient un personnage secondaire. Alors que durant les deux premiers films, on assiste à cette épopée à travers le regard de Bilbo, dans ce troisième opus, le hardi Hobbit est complètement éclipsé de l’histoire. Osons l’écrire, Martin Freeman fait véritablement de la figuration. Du coup, on crie tous en cœur: «WTF!»
D’ailleurs, des moments WTF, il y en a une palanquée: les magiciens qui pratiquent des arts-martiaux, Legolas, en mode «Fuck Isaac Newton», qui repousse la loi universelle de la gravitation etc. On frôle parfois le ridicule. Le film a beau se montrer sous une facture réaliste, on a parfois la désagréable impression de se retrouver dans un jeu vidéo. Un jeu vidéo pour enfants, s’entend bien, car ici, quand on démembre ou décapite un être, il n’y a aucune effusion de sang. Nains, orques, elfes, humains, vivent sans une goutte de sang dans leur corps. L’aspect heroic fantasy médiéval s’avère totalement édulcoré. Bref, pour le réalisme, on repassera. Cela dit, Peter Jackson reste un artisan de la mise en scène et n’a pas son pareil pour immerger le spectateur dans une odyssée héroïque jonchée de fantastique et de merveilleux. Il est également un réalisateur hors pair en matière d’action.
Finalement, la véritable surprise ne fut pas tant le film en tant que tel mais plutôt la nouvelle technique découverte au Kinepolis de Bruxelles à l’occasion de sa sortie: le Laser Ultra. Ce système combine deux percées technologiques révolutionnaires: le projecteur Barco et le système sonore Dolby Atmos. Ainsi, le groupe de complexes cinématographiques a installé sur quatre sites (Bruxelles, Anvers, Lomme et Madrid) ledit projecteur Barco, lequel fonctionne avec une source lumineuse laser de 60.000 lumens. En conférence de presse, le géant belge des salles obscures s’est montré plutôt fier de ce nouveau jalon. «Lancé plus tôt cette année au terme de nombreuses années de recherche et de tests, le projecteur laser Barco est le premier en son genre capable d'afficher un contenu 4K en 60 images par seconde (fps) et des films 3D en résolution 4K à des niveaux de luminosité exceptionnels», explique-t-on.
«Jusqu'à présent, les projecteurs de cinéma utilisaient des ampoules au xénon comme source lumineuse. Aujourd'hui, grâce à la projection laser, on obtient une luminosité abondante, qui se traduit par des couleurs naturelles, un gamut de couleurs plus large, une absence de scintillement et un taux de contraste plus élevé permettant des blancs plus lumineux et des noirs plus intenses». Concrètement, le résultat est hallucinant. Le projecteur laser Barco élève clairement le réalisme immersif des films à un niveau sans précédent. Mais qu’on se le dise, ceux qui n’ont pas aimé la 3D HFR (48 images par seconde au lieu des 24 habituelles) pour son aspect «telenovela» détesteront encore plus la 3D HFR Laser Ultra.
L’autre technique ahurissante qui prend place dans la salle 9 du Kinepolis Bruxelles: le son Dolby Atmos. Grâce à ce système immersif avec 64 canaux uniques, la société à l’étoile a ajouté un son époustouflant qui vient maintenant de toutes les directions, et pas uniquement là où se trouvent les projecteurs, pour créer une expérience qui amplifie l’immersion tout en offrant une clarté, une richesse et des détails étonnants. Mais cette expérience cinématographique inédite a un coût: 15 boules! Soit 5 euros de suppléments par rapport au prix de base, déjà fort élevé pour nos petites bourses (aujourd'hui, il vous faut débourser un billet de dix!). A ce prix-là, pas sûr que le public suivra…
Note: ★★
Critique: Professeur Grant
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